Mise en route (19)

Comme un phare sur la plage

01 mai 2017

Ce n’est pas un verset biblique qui a (re) mis en route notre auteur, mais un cantique démodé. Il a maintenu en lui la flamme jusqu’à ce qu’une expérience forte de fraternité lui redonne le goût de l’Église.

Enfant, je fréquentais avec plaisir l’École du Dimanche. Périodiquement j’accompagnais ma grand-mère au culte et de temps en temps, dans une agréable complicité, je chantais avec ma mère quelques cantiques. L’un d’eux est toujours resté dans ma mémoire « Comme un phare sur la plage », cantique qui a disparu depuis longtemps de nos recueils de chants.

Tout cela était simple, c’était normal. La normalité a pris fin à l’adolescence : un coup de frein brutal, consécutif à une incompréhension entre l’adolescent que j’étais et le pasteur de ma paroisse. Des liens se sont rompus, mais pas tous, car la révolte était plus relative à la forme qu’au fond. Le phare, lui, brillait toujours au loin.

Que ce soit dans des moments paisibles de ma vie ou dans des périodes plus tourmentées, que ce soit en plein jour ou dans la nuit, le phare résistait, bâti certainement sur un socle de granit. En le regardant, je pouvais savoir de façon très approximative si j’avais ou non dérivé, si les courants et les vents m’avaient poussé trop à bâbord ou à tribord.

Sur une carte, avec un point fixe identifiable, il est possible de se situer, mais de façon insuffisante. Le phare étant très éloigné, il ne m’était pas facile de savoir si vraiment je me rapprochais de lui ou si je m’en éloignais. Pour pouvoir faire un point valable, il faut au moins deux repères, deux amers dirait un navigateur, et depuis ma rupture je n’en avais qu’un.

C’est lors d’une randonnée dans les Alpes, en faisant le tour du mont Blanc avec un groupe de ma paroisse d’alors, que j’ai ouvert un peu plus les yeux et que j’ai renoué certains liens que j’avais rompus. À partir de ce moment, j’ai eu ce second amer qui me manquait. Ce second amer c’était la fraternité dans l’action. Depuis ma rupture, je retrouvais cette sensation heureuse de vivre dans une communauté où l’on fait ensemble quelque chose dans une même spiritualité. Faire ensemble : c’est ne pas être le consommateur isolé qui plane dans ses pensées. Je retrouvais le sens de l’Église.

Dès lors je pouvais me situer par rapport à ce phare avec plus de précisions. Je pouvais reprendre sereinement la barre et régler au mieux les voiles. Cette fois, je m’engageais progressivement et de façon continue.

Chaque cantique est un ensemble : un texte et une mélodie. L’existence d’une mélodie donne de la force au texte par sa tonalité et son rythme. Par ailleurs si au fil des jours, des ans, j’oublie quelques paroles, il me reste la mélodie gravée dans ma mémoire. « Comme un phare sur la plage » n’est certainement pas musicalement le plus beau de cantiques et les paroles sont d’un autre temps, peut-être un peu trop emphatiques, mais il continue pour moi à diffuser sa lumière.

En savoir plus

Ce cantique est encore chanté chez les adventistes et on trouve un ou deux enregistrements sur YouTube.

Yves FEUILLAND
Roanne

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