Décroissant parce que chrétien

01 mai 2019

Croyant engagé pour le climat, Martin Kopp explique l’origine de sa prise de conscience des enjeux environnementaux. Il était l’invité de l’Église protestante unie de Rochefort début avril.

Après mon master, j’ai entamé un tour du monde, en 2010-2011, qui m’a emmené notamment en Inde, un pays extrêmement pauvre. Cette expérience a été décisive : j’y ai pris conscience de la crise écologique. En France, la pollution se voit peu ou prou. En Inde, c’est une crise qui agresse les sens. Au bout d’une journée, on a mal à la gorge, le chaos sonore est invraisemblable, et la pollution de l’eau se voit, avec des couleurs dont j’ignorais jusqu’à l’existence (vert fluo !). Elle se sent aussi. Je me souviens d’une ville, dans l’État d’Orissa [actuel Odisha], où on sentait l’eau polluée de la rivière avant même de la voir. Bien sûr, il n’y a pas de système de ramassage des déchets : ce sont des montagnes de plastique à même la rue, sans parler de l’absence d’assainissement.

Là-bas, l’impact du mode de vie de nos sociétés saute aux yeux, aux oreilles et au nez ! Je suis d’ailleurs tombé malade assez vite. Auparavant, j’étais informé, mais pas militant. Je me suis alors promis de changer le lieu principal de mon engagement. J’ai arrêté de faire de la musique, un travail auprès des jeunes, et je me suis mis à lire. Je suis tombé sur une synthèse de Serge Latouche, Vers une société d’abondance frugale. Cette interpellation, dans son originalité, dans sa radicalité, m’a paru pouvoir servir d’aiguillon pour la pensée et la théologie. D’où la thèse que j’ai soutenue à l’automne 2018 intitulée « Croire et décroître », sur la théologie protestante au défi de la critique culturaliste opérée par la décroissance. Le mode de vie du Christ invite à la radicalité et à une simplicité joyeuse.

 Martin Kopp

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