Festival de Cannes

Des films témoins d’un monde triste

01 juillet 2017

Une sélection passionnante, difficile, qui nous plonge dans la réalité quotidienne et nous interpelle sur notre vivre ensemble aujourd’hui et demain. Quel avenir pour nos enfants, pour notre planète et pour notre « humanité » ?

En 2016, Ken Loach disait, en recevant la Palme d’Or : « Un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire ». En 2017, les réalisateurs se sont évertués à nous montrer un monde sombre, triste, actuel, mais pessimiste avec ses familles déchirées, ses enfants fugueurs, l’absence de relations humaines, la corruption, le manque d’amour jusqu’au sacrifice comme dans les tragédies grecques et puis, toujours récurent le drame du sida… À la fin d’un film, la caméra pivote, s’élève et d’en haut, de très haut filme la terre et la mer comme pour nous dire : « Voilà notre monde aujourd’hui ». C’est un constat, c’est aussi une question, une interpellation : « Quel espoir, quel avenir pour ce monde-là ? »

La polémique de Cannes 2017

Peut-on présenter dans des festivals de cinéma et peut-on primer des films qui ne sortiront jamais en salle, mais seulement en vidéo ? La question se pose pour la première fois à Cannes et alimente les débats. Deux films cette année sont présentés par Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande : Okja, de Bong-joon-ho et The meyerowitz stories de Noah Baumbach. L’un et l’autre sont absents du palmarès. Affaire à suivre. 

Deux coups de cœur

In the fade (Aus dem Nichts) de Fatih Akin (Allemagne) aborde la question du terrorisme (dans ce cas issu de groupes néonazis). C’est une question universelle, de brûlante actualité qui nous place du côté des survivants et de leurs difficultés et à obtenir justice et à survivre. Un film fort, qui aborde les thèmes du sacrifice, de la vengeance, du désespoir, de l’amour absolu… Un film dérangeant, mais nécessaire. À recommander pour de passionnants débats.

Nelyubov (Faute d’amour) de Andrei Zvyagintsev (Russie). Un couple se sépare avec fracas. Un enfant dont personne ne veut disparaît… Une mise en scène austère, efficace nous révèle à la fois drame social et inhumanité des personnages dans la Russie d’aujourd’hui. Pourtant, au cœur de ce désert affectif, un groupe de bénévoles recherche inlassablement les enfants perdus : une petite lueur d’espoir dans ce film sombre, magistral, implacable. Du grand cinéma (sortie en France le 20 septembre 2017).

Denyse MULLER
pasteure, présidente du Jury œcuménique - Vice-Présidente d’INTERFILM

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