Billet

Drôle de genres

08 janvier 2018

Je ne voudrais pas m’immiscer dans le débat actuel sur la grammaire inclusive et la féminisation du nom des professions. Parce que j’ai une opinion assez floue sur le sujet et qu’il est difficile d’imposer par décret la meilleure façon d’écrire ou de parler français. Certes, des régimes autoritaires ont réussi à imposer des réformes drastiques de l’orthographe (l’Italie fasciste imposant le toscan à tous les Italiens, l’Allemagne nazi, entre autres modifications, remplaçant le « C » de certains toponymes par un « K » plus viril). Certes, on nous a rappelé que « d’honorables » académiciens ont, au 17e siècle, imposé la règle du « masculin l’emportant sur le féminin » dans les pluriels composés. J’aime trop ma tranquillité et donc je n’ose pas m’aventurer dans le domaine du « genre » craignant trop les levers de boucliers de certains catholiques intégristes ou, à l’inverse, de ceux qui, dénonçant avec raison les inégalités, confondent parfois inégalités et différences. Car il me semble qu’il n’y a que les clones qui ne soient pas différents.

Bataille du genre, bataille des genres ?

Nous n’avons pas trop l’habitude de parler de « bon » genre, mais plutôt de « mauvais » genre, voire de « drôle » de genre. Et là, il faut l’avouer, ce n’est pas très valorisant pour la personne que l’on traite ainsi, surtout si l’on réduit son identité à ce qualificatif.

La lune et le soleil ont des genres différents selon les

langues

Bref, aimons-nous vraiment être enfermés dans un genre, ou, au contraire, préfèrerions nous entretenir une sorte de flou ? En fait, la confusion n’est pas une confusion des genres, mais celle du sens des mots : identité, genre, différence, inégalité, qui ne veulent pas dire la même chose mais qui peuvent être sources de discriminations. Les mots eux-mêmes peuvent avoir un drôle de genre si leur sens n’est pas lui-même bien compris, quand ils sont chargés émotionnellement et qu’ils conduisent à des malentendus. À propos de malentendus dans les genres, pourquoi le soleil et la lune sont respectivement masculin et féminin en français et féminin et masculin en allemand (die Sonne, der Mond). Confusion des genres ? Et si on conciliait tout cela : dans Genèse 1,13, grand et petit luminaires sont du même genre. Lequel ? Lisez la Bible, et vous trouverez sans doute des raisons de dépasser ces vaines querelles.

Parménas.

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