Dossier L'ange de Noël...et les autres?

Ensemble et unique devant Dieu

05 décembre 2017

Comme n’importe quel texte littéraire, nos cantiques ont une histoire, un auteur, un contexte particulier. Souvent méconnus, d’ailleurs. Cette chronique souhaite rappeler cette histoire et attirer l’attention sur ce que nous chantons dimanche après dimanche. Ce mois-ci, un des plus grands succès de nos recueils de cantiques : « Nos cœurs te chantent »

J’en suis convaincu, tous le chantent et tous l’apprécient. C’est un cantique qui fait partie des « grands classiques » qui a été chanté par plusieurs générations et pas seulement en France. Le texte original est en allemand, probablement de Johann Lindmann (1549-1631), qui fut un parent de Martin Luther par sa mère. Le compositeur de la mélodie est Giovanni Giacomo Gastoldi (1556-1622), un maitre italien très renommé, responsable de la musique dans la cathédrale de Milan. On trouve cette musique dans un recueil de chants de ballet publié en 1591 à Venise. On doit la traduction française à Henri Capieu en 1974.

C'est un "nous" qui chante@EPU Etoile

La communauté

Ce que je souhaite faire remarquer est que ce cantique est écrit d’abord en « nous » pour la première strophe et en « je » pour la deuxième strophe. Et en dernier lieu dire que ce cantique s’adresse au « Fils de Dieu ».  Pour la communauté, le nous de « Nos cœurs », évoque le « nous devant Dieu ». C’est le « nous » qui chante et qui chante d’un seul cœur. C’est le nous qui prie par le chant. Il s’agit de la prière qui « plaît » à Dieu car elle dit « enfin ce que le Fils de Dieu veut ». En effet, le cantique souligne la centralité du désir de Dieu ou de la volonté de Dieu. Par ce cantique, l’humanité se place devant le Dieu qui s’est incarné, pour remettre à ce Fils la création. Entendons par humanité la communauté d’individus que nous sommes et qui peut ensemble dire : « Nos cœurs te chantent, Alléluia. »

« Par ce cantique, l’humanité se place devant le Dieu qui s’est incarné, pour remettre à ce Fils la création »

Le croyant

La seconde strophe évoque justement l’individu. Il s’agit de l’individu pris dans les problématiques de l’incarnation : « dure ou sereine, ma vie est pleine du mystère de ta paix ». S’agit-il du Fils qui donne la paix, qui ne la donne non pas comme le monde la donne ? À mon sens oui. Ce qui en découle, c’est l’incarnation de la joie du Vivant malgré ce qui, dans ce monde, peut nous tuer. Ainsi, la strophe écrite à la première personne évoque le cheminement individuel de l’enfant de Dieu. L’enfant qui cherche la trace de son Père dans ce monde pour oser la traversée : « Que je saisisse toujours la trace que fait ta grâce… » Telle est sa prière. Ainsi, malgré tout, « nos cœurs te chantent : Alléluia. » Si on s’attend à y entendre une théologie trinitaire, on se trompe…ou pas. La deuxième strophe évoque implicitement le Père et le cantique ne s’adresse pas à l’Esprit. Est-ce un choix ? Seul l’auteur le sait. Est-ce dérangeant ? Seul chacun peut répondre. Pour ma part, je vois en l’humanité toute entière, le visage de ce Fils avec qui je peux m’associer et dire : « Nos cœurs te chantent, Alléluia ».

En savoir plus

Nos cœurs te chantent

1 - Nos cœurs te chantent, Nos voix aimantes Te célèbrent, Fils de Dieu. Joie et lumière Où la prière Dit enfin ce que tu veux. Nos cœurs désirent Ton seul sourire, Ton seul visage, Ton seul message. Nos cœurs te chantent, Alléluia !

2 - Dure ou sereine, Ma vie est pleine Du mystère de ta paix ; Et reste heureuse Et si joyeuse De te louer à jamais. Que je choisisse, Que je saisisse Toujours la trace Que fait ta grâce. Nos cœurs te chantent, Alléluia !

Hérizo Ratovomanana,
Pasteur à Nègrepelisse.

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