Cap au large

Entre glaciers et volcans

01 novembre 2017

Lorsqu’on décide d’aller en Islande, ce n’est ni pour le soleil, ni la chaleur. C’est tout autre chose qui attend les touristes. Partie mi-juin, votre rédactrice en chef a parcouru durant une semaine les routes de ce pays étonnant.

Un macareux, oiseau
emblématique de l'Islande
© Hélène Hefti
  

L'idée de s’envoler vers le grand nord a émergé au cours d’une soirée avec un couple d’amis. Nous leur montrions les magnifiques photos prises par notre fils aîné parti en Islande avec une bande de copains. Aussitôt, notre amie a déclaré : J’aimerais beaucoup aller là-bas. J’ai renchéri : Ah oui ! moi aussi. Nos maris se sont joints à notre souhait et ont pris le relais pour l’organisation.

L’option confort

Située entre le Groenland et la Norvège dans l’océan Atlantique, l’Islande est une île qui compte 337 610 habitants. Sa capitale, Reykjavik, a une population de 130 000 âmes. Depuis une dizaine d’années, l’Islande est une destination très prisée par un tourisme grandissant, mais les infrastructures ont du mal à suivre. 

Hôtels ou locations chez l’habitant étant cantonnés quasiment dans la capitale, nous devions trouver une autre solution. 
Si notre fils et ses amis avaient loué sur place 4X4 et tentes, nous, moins téméraires, avons opté pour le camping-car.Tant pis pour les excursions à l’intérieur des terres impraticable en voiture et encore moins avec ce type de locomotion.Cette option nous a certes limités à emprunter les routes goudronnées qui longent la côte – à l’exception du Cercle d’Or – mais notre confort passait avant tout.

Nous étions partis de France sous un soleil de plomb, et prudents, avions prévu pulls et vêtements imperméables. Nous avions bien fait. La pluie nous a accueillis dès notre descente de l’avion avec un petit 12 degrés de bienvenue. Mais qu’importe, nous étions heureux de poser les pieds sur un sol inconnu. Notre première préoccupation a été de récupérer le camping-car puis de nous ravitailler en nourriture. L’euro n’étant pas la monnaie du pays, la petite gymnastique intellectuelle pour convertir les couronnes islandaises nous a rapidement confirmé que la vie dans cette île était chère pour nous Français. Pour preuve, le café s’affichait à 4,50 euros dans un bar basique.
Nous avons pris la direction du sud. Les premiers paysages que nous avons croisés, après les maisons urbaines, ont été d’immenses champs de lave sur une route désertique où de temps en temps nous croisions une voiture. 
 
© Élisabeth Renaud
Nous sommes passés au pied du volcan Eyjafjöll dont l’éruption avait bloqué le trafic aérien en 2010. D'immenses chutes d'eau nous ont fait arrêter.
Des touches mauves parsemaient les étuendues marons-gris : des lupins avaient été plantés
par les humains afin d'enrayer l'érosion © Jean-Michel Vincelot
En fin d'après-midi, un rayon de soleil a dévoilé un magnifique arc-en ciel.
Nous découvrions un univers qui nous enchantait © Élisabeth Renaud

 

La religion

Intérieur de l'église Reyniskirkha près de la plage de sable noir © Jean-Michel Vincelot
   Vik, notre première étape, a été aussi l’occasion de notre première randonnée pour nous rendre sur une plage de sable noir avec ses orgues de granite. Sur notre parcours, une jolie petite église nous a ouvert sa porte. Je me suis demandé : catholique ? protestante ? J’ai cherché un indice. Aucun panneau n’indiquait l’appartenance à la confession. Un immense tableau représentant le Christ dominait la table de communion. En tout cas pas réformée, me suis-je dit. Le nom de l’église et notre guide touristique m’ont fourni la réponse.  

Elle était luthérienne. Avec 75,1 % d’Islandais membres de cette confession, toutes les églises que nous allions rencontrer seraient très certainement luthériennes ce qui était nouveau pour la Française que j’étais.
Lors d’une escale, une immense église moderne surplombait le camping. Nous avons gravi la petite colline, avec, malgré tout, cette même question : catholique ? protestante ? Comme d’habitude, aucune inscription… Elle était fermée, mais j’ai pu apercevoir à travers les immenses vitres, une affiche avec le portrait de Luther et l’inscription Luther 2017. La réponse était sous mes yeux.
Les messieurs conduisaient à tour de rôle. Du haut de l’habitacle, lorsque notre ami apercevait au loin une église. Il me disait : On y va ? Et moi je répondais sans hésiter : Bien sûr. Lui, passionné d’ornithologie, en profitait pour photographier les oiseaux. Il nous dévoilait leur nom, leur mode de vie…
Notre deuxième grande randonnée nous a amenés au pied d’un glacier peu prisé par les touristes. Et pour cause, inaccessible en voiture, 11 km de marche nous attendaient pour l’atteindre. Nous avons traversé d’immenses étendues de pierres et croisé moins de dix personnes.
Les nuits en Islande sont courtes et pour ainsi dire inexistantes à cette époque de l’année. Coucher du soleil à 2h et lever deux heures plus tard. J’avoue ne pas avoir vérifié… Nous nous étions équipés de masques de nuit qui n’ont pas servi, les stores du camping-car étant suffisamment occultants. Le matin, nous pouvions partir avec un soleil radieux et revenir sous une pluie battante et vice versa, les températures ne dépassant jamais les 14 degrés. Mais nous étions équipés et après tout, nous n’étions pas venus pour bronzer.

L’insolite

Au pied du glacier Vatnajökull © Élisabeth Renaud
   Aux abords du magnifique glacier Vatnajökull, nous avons été attaqués par une colonie de sternes. Le quidam qui avait la mauvaise idée de s’aventurer près de leur champ de nidification n’avait qu’une solution : courir en se protégeant la tête.
Sur le chemin du retour, nous nous sommes enfoncés dans les terres, pour nous rendre dans la partie la plus touristique de l’Islande, le Cercle d’or. Une route étroite nous a conduits à une petite ferme isolée. 

Là, nous avons goûté trois saumons fumés différemment. Notre choix s’est porté à l’unanimité sur celui fumé à la crotte de chèvre. C’était insolite et amusant. Mais le soir-même, autour de la table, nous avons un peu regretté notre achat. Avec un goût très prononcé de… on ne savait pas trop quoi, c’était assez écœurant. Stoïquement, nous avons tout terminé accompagné d’une bonne quantité de pain.

Nous avons admiré d’immenses chutes d’eau, notamment celles de Gullfoss ; marché dans la faille Silfra qui sépare les continents nord américain et eurasien ; photographié un geyser ; trempé nos mains dans le Blue lagoon, un immense réservoir d’eau chauffée par géothermie où l’on peut barboter tout en sirotant un verre. Si au cours de notre périple nous n’avions croisé que peu de touristes, ici, nous étions servis et nous avons vite passé notre chemin.  
Les chutes d'eau de Gullfoss © Jean-Michel Vincelot

 

La faille Silfra
© Élisabeth Renaud
Le geyser Strokur
© Élisabeth Renaud
Une église luthérienne
© Élisabeth Renaud
Nous avons terminé notre voyage par la visite de Reykjavik. Nos premiers pas nous ont amenés à la cathédrale luthérienne, un imposant bâtiment de la fin du XVIIIe siècle qui est curieusement moins somptueux que l’église éponyme. D’ailleurs fermé, nous avons poursuivi jusqu’à la futuriste église luthérienne construite au siècle dernier dont la flèche s’élève à 74,5 mètres du sol. Ouverte au public, un concert d’orgue nous a accueillis. Un ascenseur (payant) nous a amenés au sommet de la flèche pour découvrir une magnifique vue aérienne de la capitale.
L'église luthérienne de Reykjavik
© Élisabeth Renaud
 
La cathédrale luthérienne de Reykjavik
© Élisabeth Renaud

Nous sommes repartis des images plein la tête. Notre seul regret a été de ne pas avoir aperçu de macareux, contrairement à notre fils qui avait ramené dans ses valises une photo de cet oiseau emblématique de l’Islande. Mais nous avons croisé des trolls (en statue)…
À notre retour en France, la canicule avait fait place à des températures plus clémentes et la transition avec la fraîcheur de l’Islande s’est ainsi faite tout en douceur.  

Élisabeth Renaud

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