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Festival d’Angoulême 2020

01 février 2020

Voici une sélection de BD sorties en 2019 choisies par le jury œcuménique pour le 47e Festival d’Angoulême qui se déroule du 30 janvier au 2 février.

Le vainqueur
La boîte de petits pois, GiedRé, Holly R, Une Case en Moins, août 2019, 110 p., 15,95 €

Le prix du jury œcuménique de la BD d’Angoulême se prononce souvent pour des albums profonds et sérieux. Cette année n’est pas coutume, l’ouvrage primé est beaucoup plus joyeux. Dans un style faussement enfantin, l’auteure, artiste-chanteuse, met en scène ses souvenirs d’enfance, de la Lituanie, sous le régime soviétique, jusqu’en banlieue parisienne, dans les années 80. Les dessins et les couleurs contribuent largement aux tendres souvenirs d’une société de la débrouille et du partage. Toutefois, ne nous y trompons pas, la dénonciation du système soviétique y est aussi forte que celle du consumérisme occidental.
Le postscriptum, à la fête de l’Huma, résume cette vraie leçon d’optimisme pour la vie que l’humour du texte comme de l’image rend particulièrement convaincant pour le lecteur. Dès 10 ans.

 

Mention spéciale du jury œcuménique
Texaco, Sophie Tardy-Joubert, Pablo Fajardo, Damien Roudreau, Les Arènes BD, mars 2019, 136 p., 20 €

  Si les premières pages sont graphiquement superbes (celles qui ne racontent pas, mais qui « montrent » l’Amazonie sauvage), le dessin du reste de l’album est plus classique. Cette BD documentaire a été primée par le jury avant tout pour son sujet, à savoir le procès de l’une des plus grandes pollutions pétrolières de l’histoire. La société Texaco (aujourd’hui Chevron) a foré en Équateur, dans la forêt amazonienne pour y extraire du pétrole, y causant un désastre écologique. S’en suivent depuis plus de 30 ans, la lutte et les poursuites judiciaires par les peuples autochtones et leurs avocats (dont le principal est le scénariste du livre). Un récit à la David contre Goliath, où l’on suit le combat de l’avocat Pablo Fajardo. L’album est estampillé Amnesty International.

 

Dans la sélection, la rédaction a retenu
Penss et les plis du monde, Jérémie Moreau, Delcourt Mirages, septembre 2019, 231 p., 25,95 €

Avec son graphisme stylisé, son travail sur la couleur et la variété dans le montage de ses planches, l’album se présente comme un superbe ouvrage. Quant au scénario, il est troublant. Il s’agit d’une fable symbolique, qui semble évoquer de quelle manière l’humanité passe d’une civilisation de chasseurs errants à l’expérimentation agricole. Mais la nature n’appartient pas aux hommes et elle ne se laisse pas dompter aussi facilement par Penss, le personnage principal, poète marginal et/ou savant fou, sa volonté de dominer la Terre, en marge du clan, va le mener aux limites de la vie. Une belle (bien que confuse) parabole de notre rapport aux autres et à la Terre. En plein dans les hésitations et tendances actuelles de repli.

 
Nadia Savin

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