Cannes

Focus sur La Colline

08 juin 2019

En écho au Festival du film de Cannes qui vient de s’achever, nous proposons de revenir dans un espace bien connu des protestants cannois : La Colline. État des lieux en forme d’appel, un peu moins de trois ans après l’inauguration de ses locaux reconfigurés.

Il faut monter au-dessus des grands boulevards et du bord de mer pour trouver l’entrée de « La Colline », située dans une petite rue, à côté de micro-jardins cachés des regards. Le bâtiment offre ce double aspect de volumes très contemporains imbriqués à une façade plus ancienne. La maison a toute une histoire, qui avait été résumée dans Échanges à la fin des travaux de réhabilitation, en octobre 2016.

Entre ciel et mer, le jardin de La Colline (© S. Daudé)

 

Une colline inspiratrice

Petit rappel. Construite en 1878, acquise en 1917, La Colline a été le site d’une école protestante qui a formé plusieurs générations d’enfants sur le plan scolaire, mais aussi spirituel, jusqu’en 1960. D’autres activités d’Église y ont aussi trouvé leur place et les scouts y ont fait des apprentissages décisifs, pendant plusieurs décennies, y compris les périodes de guerre. On imagine bien quel esprit et quels souvenirs forts ont uni ceux et celles qui étaient passés par La Colline ! Pendant longtemps, des activités jeunesse ont continué à animer les lieux. Le Jury œcuménique du Festival, né il y a 45 ans, y a été hébergé, ainsi que les festivaliers… Mais la maison demandait à être remise aux normes, plus que rafraîchie, et ce type d’échéance est souvent l’occasion de penser un projet d’ensemble. Le choix a été fait de transformer le bâtiment pour l’ouvrir à un large public. À partir de 2009, des travaux conséquents sont entrepris, avec l’apport de fonds paroissiaux. Aujourd’hui, La Colline est propriété de la Fondation protestante cannoise, organisme créé en 2011 et intégré à la Fondation du protestantisme, qui peut recevoir des dons et bénéficier d’une fiscalité spécifique.

Les scouts ont longtemps occupé le site (© La Colline)

 

Après les travaux

Marc Ratto, président de l’association de gestion, se propose de guider la visite : vastes salles entièrement repensées et équipées, espaces modulables donnant sur le jardin et pouvant accueillir un public nombreux, accès sécurisés, équipements de restauration, une capacité d’hébergement de 36 lits (dont plusieurs pour personnes à mobilité réduite), avec une déclinaison de chambres, logement, dortoir, espaces petits déjeuners et détente (où chacun peut moduler sa climatisation). Certaines chambres et le dortoir ont vue sur un carré de mer, par-dessus le jardin et les toits. Les aménagements, simples, sont proposés à des prix attractifs, dans une ville plutôt chère. « Il nous faut maintenant verser à la Fondation du protestantisme des sommes importantes chaque année, explique le président, alors que la maison est encore loin de son maximum d’occupation. Elle reste trop peu connue ! » Le pasteur de Cannes, Philippe Fromont, habite sur les lieux. « Le défi, dit ce dernier, c’est de ne pas se contenter de louer des salles, mais de faire vivre la maison. Nous proposons des études bibliques, les rencontres des aînés, un atelier de lecture Paul Tillich, des repas de la paroisse et de l’entraide… Nous souhaiterions que d’autres Églises investissent également ces murs. Enfin, nous avons expérimenté que des personnes séjournant à La Colline - pour rendre visite à un proche à l’hôpital, par exemple - peuvent être accompagnées humainement et spirituellement. C’est peut-être une perspective à développer. À vrai dire, nous sommes écartelés entre deux logiques, ecclésiale et commerciale, et ce n’est pas facile ! »

La Colline continue d’afficher complet durant le Festival du film, mais elle attend encore sa véritable troisième vie…

Une des salles de réunion (© S. Daudé)

 

 

En savoir plus

Le Jury œcuménique 2019

Un jury à la fois œcuménique et international a décerné ses prix et mentions, que vous pouvez découvrir ou retrouver sur son site : http://cannes.juryoecumenique.org

Il était composé de :

Roland Kauffmann (France), président : pasteur réformé, en charge de l’animation culturelle et spirituelle du temple Saint-Étienne de Mulhouse. Il anime un groupe Pro-Fil de réflexion sur le cinéma, ainsi que plusieurs sites de vulgarisation théologique.

Xavier Accart (France) : journaliste pour La Vie, puis rédacteur en chef du mensuel Prier. Il est membre du bureau de la Fédération des Médias Catholiques (FMC), auquel appartient SIGNIS-Cinéma.

Lucia Cuocci (Italie) : productrice et directrice pour différents médias : Protestantesimo et Sorgente di Vita en Italie, et, en Suisse, pour Segni dei Tempi. Elle y couvre particulièrement ce qui a trait au dialogue interreligieux et au Moyen-Orient, et tout ce qui concerne Israël et la Palestine.

Stefan Förner (Allemagne) : attaché de presse de l’archidiocèse de Berlin, auparavant journaliste à la radio et responsable du cinéma dans l’archidiocèse de Berlin. Il est membre de la Commission catholique pour le cinéma en Allemagne et fut membre de différents jurys œcuméniques et interreligieux.

Rose Pacatte (États-Unis) : sœur paulinienne vivant à Los Angeles, auteure et critique de cinéma depuis plus de 15 ans. Spécialiste de l’éducation aux médias. Elle fut, entre autres, membre aux jurys œcuméniques de Berlin et Locarno.

Konstantin Terzis (Grèce) : il a étudié la direction de films, les sciences politiques et l’histoire à Athènes. Il travaille depuis 20 ans comme journaliste et critique de cinéma pour le quotidien AVGI d’Athènes. Membre dans divers festivals de jurys de la FIPRESCI.

Séverine Daudé
journal Échanges

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