À la rencontre de

Hélène Brochet-Toutiri

01 mai 2020

Une des fois où j’ai croisé Hélène, c’était à Bonneuil-Matours en octobre dernier, où se déroulait le stage régional de chant. La musique est son élément, et parmi les sopranos le plaisir se lit dans ses yeux.

Hélène Brochet-Toutiri © Corneille Toutiri

À six ans, sa grand-mère lui apprend le piano, et le chant réunissait la famille en polyphonie. « Aujourd’hui que Corneille, mon mari, est à la retraite, nous jouons ensemble, lui de la guitare et du saxo et moi du piano. Nous avons un projet de culte autrement, autour du jazz et du negro spiritual ». Sans parler de l’ensemble vocal qu’elle a monté à Barbezieux, avec lequel elle prépare des œuvres inédites d’un compositeur protestant et parthenaisien d’adoption, Georges Migot. Quand cela redeviendra possible, ils proposeront un concert dans la chapelle des templiers de Cressac.

Engagement

Elle ne parle pas beaucoup de son engagement dans l’Église qui commence très tôt avec sa famille et qui s’est affirmé lors de ses années de scoutisme. Car tout le reste en découle. Elle ne parle pas non plus de son passé professionnel, dans l’université et partout en France (Poitiers, Paris, Caen, Colmar…). Elle préfère parler de son engagement présent dans la ville. Elle vient d’être élue conseillère municipale à Barbezieux, mais elle est surtout présidente du collectif pour l’accueil des migrants. Quand en 2015, la France s’engage à accueillir 35 000 migrants de Syrie, une petite équipe se mobilise à Barbezieux. Cela commence par une période d’information sur l’actualité avec des conférences, des réunions d’information, puis, en lien avec la Fédération de l’Entraide protestante et d’autres intervenants, comme la Cimade ou l’Arche, ils louent une maison et quatre familles s’y succéderont. Cela veut dire, aide aux démarches administratives, accompagnement humain et aussi matériel. Le collectif vit l’attente, le découragement et la joie de l’accueil des personnes, le plaisir de soirées partagées. Il faut souder un groupe d’accueillants, animer des réunions d’information…

Et accompagnement

Le collectif s’élargit et intègre l’Amicale laïque de Barbezieux, association dont le collectif est maintenant une section. Ils ont ainsi une reconnaissance d’utilité publique. La mobilisation de tous ces gens se fait au cas par cas, mais un certain nombre s’engage dans l’accompagnement juridique, l’enseignement du français et aussi l’organisation d’événements pour collecter des fonds (film, théâtre, interventions devant des lycéens). Avec la crise du Covid-19, elle s’inquiète des mineurs non accompagnés chassés des établissements d’enseignement ou des structures d’hébergement qui ferment. Quelles solutions mettre en place pour les recevoir ?
Hélène explique elle-même d’où lui vient cette envie de vivre avec les autres, sans barrières. « Je suis née en Algérie. Mon père était enseignant (ce n’était pas un colon). Nous côtoyions les jeunes Algériens, en classe, dans nos jeux, c’étaient nos amis. En Kabylie, nous étions à côté des missionnaires anglais. Il y avait un formidable brassage de culture et de langues. Ensuite, de retour en France, ce fut le scoutisme où j’ai vécu encore la solidarité et la fraternité. Adulte, avec les éclaireurs unionistes, j’étais encore dans l’encadrement. Et puis mon époux est congolais et mes filles malgaches. En famille, les cultures se mêlent, s’entrechoquent parfois ! »
Que le confinement doit être difficile à vivre pour quelqu’un qu’on imagine toujours dehors, en réunion, en conversation, en déplacement ! Gageons que le téléphone et internet fourniront heureusement un palliatif à cette envie de vivre ensemble.

Stéphane Griffiths

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