À la rencontre de

Isabelle Richard*

01 avril 2020

Depuis avril 2019, Isabelle Richard est la présidente de la Fédération de l’Entraide protestante (FEP) qui regroupe près de 320 structures du champ social, médico-social et sanitaire.

Isabelle Richard © Karine Bouvatier

Née peu après la fin de la guerre d’Algérie, Isabelle Richard a d’abord grandi à Alger. Plus tard, sa famille s’installe à Marseille et s’investit plus dans les œuvres sociales que dans la paroisse protestante, mais à l’adolescence, Isabelle participe au groupe de jeunes et approfondit sa foi : « J’ai eu de plus en plus le sentiment d’être accompagnée ».
À 22 ans, elle est diplômée de l’ESSEC et devient auditrice chez L’Oréal. Après la naissance de sa fille Camille, la famille déménage à New York. « Notre deuxième fille, Pauline y naît. De retour en France, je reprends des études dans une école d’art. J’ai toujours été attirée par l’art », raconte-t-elle.

Des investissements associatifs

« Jonathan est lui né en Belgique. Là, j’ai travaillé sur des projets artistiques. Puis, Capucine a vu le jour à Avignon, que nous avons ensuite quitté pour Nantes, où Timothée est arrivé en 2000, un tsunami dans notre vie », reconnaît-elle. Timothée est porteur d’un handicap sévère : trisomie 21, surdité et troubles autistiques. « Nous avons dû nous ancrer dans cette ville pour qu’il puisse bénéficier d’une prise en charge dans la durée. Je lui suis très reconnaissante de nous avoir ouvert d’autres routes ».
Au fur et à mesure que Timothée grandit, Isabelle s’investit dans une crèche associative accueillant 30 % de bébés en situation de handicap, puis dans le réseau Loisirs Pluriel proposant des activités adaptées et inclusives aux enfants valides et handicapés. En parallèle, elle s’engage dans la paroisse de Nantes. Elle constitue ensuite une équipe pour rénover la Brise-de-Mer, une maison de vacances léguée au diaconat de Nantes depuis un siècle. Inauguré en 2014, cet établissement est devenu un lieu pilote de tourisme durable, particulièrement adapté à l’accueil des personnes en situation de handicap.

De nombreux défis

De fil en aiguille, Isabelle prend la présidence du diaconat de Nantes. « C’est tellement important de prendre en compte l’individu dans la globalité de ses besoins. Beaucoup de personnes migrantes arrivent à Nantes où il y a une tradition de solidarité et d’accueil ». En 2016, elle entre au Conseil d’administration de la FEP. Fin 2018, elle est sollicitée pour la présidence.
« Il y a de nombreux défis à relever à la FEP, pour créer du lien entre les membres et travailler à réduire les inégalités et l’exclusion. C’est un travail d’équipe et nous ne sommes pas tous seuls : Quelqu’un veille là-haut… ».
Isabelle Richard ambitionne pour la Fédération de développer trois axes : une parole qui circule, un appui aux membres et un ancrage protestant. « Le dernier axe est le plus difficile à mettre en œuvre, vu la diversité des adhérents de la fédération ». Mais c’est aussi le plus passionnant pour Isabelle. « C’est notre raison d’être. Tous les établissements de la FEP ont une origine protestante. Pour certains, ce lien perdure ; pour d’autres, il s’est distendu. Le but est de le renouer : quel engagement évangélique ? Quelle est notre valeur ajoutée, quel souffle la dimension spirituelle peut-elle apporter ? ».
Cette ambition, Isabelle l’associe à sa foi. « Le chrétien a deux poumons : sa vie spirituelle et le service du prochain. L’un ne va pas sans l’autre, ils se nourrissent mutuellement ».

* Article publié dans Réforme le 27 février 2020. À retrouver en intégralité sur reforme.net.

Laure Salamon

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