À la rencontre de

Jean-Michel Zucker

01 avril 2017

Jean-Michel Zucker assure depuis septembre 2013 la rubrique cinéma du journal. Entrevue entre conviction et recherche avec un homme passionné, marqué par les rencontres.

Derrière sa belle moustache blanche et ses yeux bleus rieurs, avec sa voix douce, l’homme impose une forme de sérénité qui n’augure pas la permanence et l’aspect trépidant de ses engagements.

Médecine

Sa principale passion, la médecine, l’a saisi très tôt, même avant le bac. À l’époque, se rappelle-t-il, le cursus de formation était plus paisible. Il ne choisit pourtant pas la facilité : il sera pédiatre avec comme sur-spécialité les maladies malignes. Ce choix, il le doit à une rencontre particulièrement importante : le docteur Odile Schweisguth. Protestante, pionnière en France dans la prise en charge des maladies malignes chez l’enfant, elle associe rigueur scientifique dans la recherche et qualité des soins dans le service qu’elle a créé à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif. C’est là qu’il la rejoint pour travailler cinq ans avec elle. À l’époque, le taux de mortalité se situait entre 80 et 90 %, c’était bien différent d’aujourd’hui où il est de 15-20 %, personne ne voulait faire de recherche dans cette branche, se souvient-il.

Il crée le deuxième service d’oncologie pédiatrique en Île-de-France à l’Institut Curie et le dirigera jusqu’en 2002, soucieux des enfants, de leurs parents mais aussi des soignants. Dans ce service, il faut prendre soin. Cure et care, précise-t-il en anglais, ce qui est devenu un lieu commun n’allait pas de soi à l’époque. Il a gardé de cette période et de cette rencontre son investissement toujours actuel dans un grand nombre de comités d’éthique.

Spiritualité

Sa rencontre avec le Christ, il la situe à l’école du dimanche, ou comme jeune adolescent marqué par Georges Marchal, au Foyer de l’Âme, dont il apprécie l’ouverture d’esprit et les talents d’orateur. C’était l’époque des grands pasteurs, rappelle-t-il, cela donnait une certaine solidité. À la Fédé, qu’il suit assidûment pendant plusieurs années pendant ses études de médecine, il rencontre sa femme, Mireille. Il se souvient des débats qui y régnaient. Aujourd’hui, vice-président de l’association des étudiants protestants de Paris dont le Foyer rue Titon a pris la suite du 46 rue de Vaugirard, il anime une fois par mois, avec les étudiants, le cinéclub. Il apprécie le retour des débats avec de grands témoins politiques ou sociaux où les quatre-vingt étudiants présents criblent de questions l’orateur de la soirée.

Pro-fil

Ce dialogue entre conviction et culture, il le vit aussi dans le cinéma, une autre de ses passions. L’association Pro-fil, dont il est le vice-président, a pour but d’attirer l’attention sur un cinéma qui donne des raisons d’espérer. Il aime particulièrement les œuvres qui donnent le reflet du monde actuel sans parti pris extrême. L’action de cette association est variée : d’un travail régulier comme la recension systématique des films disponibles sur différents sites, pro-fil-online.fr, protestants.org ou le portail Regards protestants, à la participation plus ponctuelle aux jurys œcuméniques des grands festivals européens. Pour Jean-Michel, cela culmine à Cannes, lors du festival, où il coordonne des billets d’humeur et est correspondant du site de Réforme.

Dans ce calendrier déjà bien chargé, il n’oublie pas sa femme, ses quatre enfants et ses onze petits-enfants, chante à la chorale de Pentemont-Luxembourg, autre lieu de rencontre, et n’oublie pas trois passions de sa jeunesse : la pratique de l’escrime, l’addiction à la musique classique et l’exploration du monde des échecs.

Photo :  Avec Françoise Lods, profilienne et épouse du rédacteur Jean Lods, ancien président de Pro-Fil. En arrière plan : Cannes © DR

Frédéric Gentil

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