Cousins-cousines

L’Église gallicane

01 juin 2017

Notre Église est parfois localement en contact avec d’autres communautés chrétiennes peu ou mal connue. Cette série « Cousins-cousines » part à la découverte de ces frères et ces sœurs que nous croisons parfois en région Centre-alpes-Rhône.

 Ce mois-ci, nous allons à la rencontre de l’Église gallicane, plus précisément de la Chapelle Saint-Michel de Montbrison, de la tradition apostolique de Gazinet. Nous y rencontrons le père Robert Mure, recteur et prêtre, ainsi que son épouse Dame Colette Mure, diaconesse. L’Église gallicane non seulement ne salarie pas ses ministres, mais ceux-ci ont à leur charge les locaux paroissiaux ; ainsi Robert Mure a son cabinet d’architecte dans lequel travaille également son épouse. Leur paroisse recense une centaine de personnes.

©Église gallicane de Montbrison

Contre le centralisme romain

La tradition apostolique du Gazinet est héritière du vieux courant gallican qui a toujours traversé l’Église catholique de France ; ce courant privilégie l’autorité des évêques à celle du pape, s’opposant ainsi à la tendance ultramontaine qui s’est imposée. La rupture définitive s’est faite en 1870, après Vatican I, lorsque Hyacinthe Loyson dénonça le dogme de l’infaillibilité du pape et fonda l’Église gallicane. Après des tentatives avortées de rapprochement avec l’Église vieille catholique et l’Église anglicane, elle trouve son autonomie et son culte, sans être toutefois reconnu officiellement, est autorisé par décret de Jules Grévy. L’Église gallicane sera dissoute par le gouvernement de Vichy et ses biens confisqués.

Une forte autonomie

Robert et Colette Mure insistent sur leur appartenance à la communion de Gazinet : « Nous n’avons rien à voir avec d’autres Églises qui portent le nom de gallicans, mais qui affichent des idées réactionnaires. Nous avons une théologie résolument progressiste, tout en tâchant de ne pas rompre la communion apostolique. Nous acceptons le remariage des divorcés et notre position sur l’avortement est nuancée. Bien avant l’Église catholique romaine nous avons célébré en français tout en gardant une liturgie classique. Nous attachons beaucoup d’importance à la symbolique. Les bénédictions occupent une place importante dans notre spiritualité : nous en avons pour presque toutes les situations ; nous utilisons différentes huiles saintes. Nous avons-nous aussi les mêmes sept sacrements que les catholiques romains ». Les Églises locales, ou Chapelles, disposent d’une assez forte autonomie tant financière que de fonctionnement. Si pour Robert et Colette, tous deux issus du catholicisme romain, la nécessité de travailler l’ouverture œcuménique de leur Chapelle a d’emblée paru une évidence et a été définie comme une priorité, ce n’est pas toujours le cas ; selon les endroits, les relations avec l’Église de Rome peuvent être tendues.

 

Une hiérarchie très définie

Les ministres sont formés dans un institut, et avancent peu à peu dans la hiérarchie des ordres : portier, lecteur, exorciste, acolyte, sous-diacre, diacre (rang maximal pour une femme) et prêtre. Nul ne peut être ordonné s’il n’est rattaché à une Chapelle. Un synode annuel rassemble tous les religieux (ils sont entre vingt et trente) à Bordeaux, autour des deux évêques (celui de Bordeaux est le primat de l’Église). On évalue le nombre de fidèles de la tradition apostolique du Gazinet à environ 30 000, répartis dans une petite vingtaine de Chapelles inégalement dispersées sur le territoire français.

Vincent CHRISTELER
Saint-Étienne

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