Edito

La bienveillance n’est pas indifférence

05 mars 2018

Le dossier de ce mois-ci aborde le sujet de la bienveillance. Tout un chacun essaie normalement d’être bienveillant, c’est-à-dire d’accepter l’autre tel qu’il est avec ses différences. Nous avons un modèle de bienveillance en Jésus-Christ qui a écouté, relevé et remis en route des humains privés d’humanité en raison de leurs maladies ou égarements. Il a regardé les personnes plutôt que les faits qui pouvaient leur être reprochés. C’est peut-être ça la bienveillance ; continuer à voir l’humain qui se cache derrière l’autre différent, qu’il soit prisonnier, migrant ou adversaire.

Une responsabilité

Chacun éprouve alors ses propres limites : Jésus quand il qualifie ses adversaires d’hypocrites, et nous quand nous ne restons pas dans l’encouragement à dépasser les erreurs, quand nous dévalorisons au lieu de chercher à donner confiance. Je pense que la bienveillance fait partie des responsabilités de vie du chrétien. Je crois que la bienveillance reçue en Jésus-Christ est un plus dans mes relations interpersonnelles car elle est un moyen de déplacer ma manière de considérer les autres.

Université de Hambourg@Wikimedia.org

Des limites ?

Mais la question de la limite de la bienveillance mérite d’être posée ! La bienveillance n’exclut ni l’esprit critique ni le refus de la violence ou de l’ignorance. C’est ce qui m’est venu à l’esprit quand j’ai lu que 10 % des habitants de la planète pensent que la terre est plate… Ou encore que l’université de Hambourg est obligée d’adopter une charte pour la pratique religieuse compte tenu des dérives religieuses. La direction de l’université a été obligée de préciser que « la pratique religieuse s’arrête là où elle porte atteinte ou met en danger la mission scientifique ». La bienveillance ne peut donc être une belle tarte à la crème, aussi délicieuse soit-elle, qui nous dicte d’accepter tout et n’importe quoi, surtout quand il s’agit de la confusion entre croire et savoir. Souvent, quand le croire essaie de se faire passer pour savoir, rien ne va plus… et la bienveillance silencieuse serait à mon avis coupable de non-assistance au respect de la démarche scientifique. Face à cela, il reste l’enseignement, avec la pédagogie bienveillante qui encourage à apprendre, encore et toujours !

Corinne Gendreau,
Pasteure dans le Bassin d’Arcachon.

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