La démocratie réinventée
Certaines communautés n’hésitent pas à bouleverser le fonctionnement d’une démocratie « classique ». Les villages de Saillans dans la Drôme, de Vandoncourt dans le Doubs, et la communauté de Robinson à Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine, en sont des exemples vivants.
|
En 2014, le slogan des habitants de Saillans Pas de programme, pas de candidats, la liste c’est vous ! remporte les élections. La mairie est rebaptisée « maison commune ». Deux jeudis par mois, l’équipe municipale organise un « comité de pilotage public » : une réunion de travail ouverte aux habitants avec l’ensemble des élus. Des groupes « action-projet » sont créés avec les citoyens qui désirent s’impliquer sur un thème précis. Quant à Vandoncourt, la démocratie participative directe y existe depuis 1970. Le système de prise de décision part de huit commissions extra-municipales ouvertes à tous les habitants. Elles ont lieu une fois par mois, les décisions se prennent au consensus : en cas de désaccord profond, les sujets sont repoussés ultérieurement. Le Conseil municipal ne fait que valider les décisions prises par les huit commissions. Autre innovation démocratique intéressante : la pratique des « Séances de remue-méninges » organisées par le Conseil municipal pour discuter et déterminer les projets. Dans l’Église réformée, l’expérience a été vécue par la communauté protestante de Robinson dans les années 1960. Considérant qu’un Conseil presbytéral peut être porteur d’un risque de déresponsabilisation des membres de la communauté et d’accaparement du pouvoir par un petit nombre, le Conseil presbytéral est remplacé par une Assemblée générale mensuelle, ouverte à tous. Une bonne trentaine de fidèles viennent débattre et prendre des décisions. La présidence change chaque mois. La formule a été vécue durant une trentaine d’années pour finalement être abandonnée, explique Alain Brigodiot, un paroissien. Le manque de compréhension du fonctionnement pour les nouveaux venus, l’apparition d’insuffisances comme la solitude du président, l’absence de lieu de synthèse et de continuité, ont mis fin à ce type de démocratie.
La mairie-école de Vandoncourt |
