La guerre des pauvres

Écriture magnifique, rythme haletant, le dernier récit d’Éric Vuillard (prix Goncourt 2017 pour L’Ordre du Jour) résonne comme un écho avec l’actualité. Il retrace, en effet, les luttes sociales au temps des précurseurs de la Réforme au Moyen Âge (en Angleterre avec John Wyclif et à Prague avec Jan Hus) puis à la Renaissance en Allemagne, en Suisse et à Mulhouse avec Thomas Müntzer. Ce dernier va plus loin que Luther et inquiète les théologiens par sa véhémence en voulant fédérer les paysans et les ouvriers révoltés. Pour l’auteur, l’invention de l’imprimerie est à l’origine de la remise en cause de l’ordre du monde : si Dieu parle à chacun directement, pourquoi garder ces prêtres et ces puissants qui vivent dans l’opulence ?

C’est la guerre et les insurgés se retrouvent face aux princes. Müntzer cite Daniel : « Le pouvoir sera donné au peuple ». La bataille de Frankenhausen en 1525 est un massacre. Luther avait demandé aux autorités de mettre fin à cette insurrection et Müntzer sera décapité.