Hyères

La prière dans le judaïsme, le christianisme et l’islam

01 juin 2017

Trois intervenants ont parlé chacun vingt minutes devant plus de 150 personnes de tous horizons, agnostiques ou croyantes, pratiquant une religion ou non. Plus que la curiosité sur les pratiques était posée la question de ce que représente et apporte la prière au croyant.

Les trois intervenants de cette table ronde étaient Denis Gril, professeur émérite à l’Institut de recherche et d’étude du monde arabe et musulman et imam d’Aix-en-Provence, Gilles Rebêche, diacre et délégué épiscopal à la solidarité, Yaël Gronner, docteure en sociologie et enseignante d’exégèse hébraïque.

Islam

La prière a un aspect traditionnel et rituel très marqué : c’est l’ascension céleste du croyant. L’épisode fondateur se situe lorsque le prophète s’élève pour rencontrer Dieu. Les croyants prient à la mosquée (lieu de la prosternation) ou là où ils se trouvent : au travail, à la maison, dans la nature. La prière suit le rythme solaire. Elle est avant tout une louange à Dieu, un appel, un élan, une supplique que l’homme en détresse, tel un naufragé, adresse à Dieu, son seul recours. La prière est le lieu de la présence du Dieu miséricordieux. Elle marque l’effacement de soi et l’aspiration à la purification. Elle est le souvenir de Dieu. Celui qui est dans le souvenir de Dieu doit pouvoir entendre la prière des autres.

Christianisme

Respiration de l’âme qui oxygène la relation à Dieu et aux autres, sans elle, le croyant s’essouffle. Par la prière, l’homme cherche Dieu et Dieu nous parle : « parle Seigneur, ton serviteur t’écoute » et non le contraire. Elle permet de faire taire ce qui est extérieur et de cultiver l’intériorité. Elle nous rend disponibles pour creuser la source qui est en nous. Lien entre le visible et l’invisible, exode intérieur qui exhale la vie, la prière permet de passer de la plainte à l’action de grâce. Chemin de consécration, elle fait passer de l’hostilité à l’hospitalité, nous fait marcher humblement avec Dieu et agir avec tendresse et justice.

Judaïsme

Dialogue intime avec Dieu mêlant louange et supplique, la prière est un élan qui ne va pas de soi : comment prier Dieu alors qu’on ne peut pas le nommer ? Il faut oser, et c’est possible parce que quelqu’un écoute. Il faut être disponible pour se consacrer à ce qui n’est pas palpable par nos cinq sens. Le rite de la prière est donc crucial.

La prière rituelle appelée Chémâ « écoute Israël » est l’une des plus importantes : « L’Éternel est UN » et « Tu aimeras l’Éternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces » (Deutéronome 6.4). Elle met dans une écoute profonde de soi en tant qu’individu, mais relié à une communauté : il faut qu’un minimum de personnes soit rassemblé pour rendre évidente la présence de Dieu (Shekina). En passant du « Je » au « Nous » les priants créent une échelle humaine qui peut mener plus loin. Autre caractéristique : l’intention (cavana), importante pour ne pas divaguer. Nous sommes des « oubliants » et le rituel de la prière aide à rencontrer le tout Autre.

Isabelle ROLLAND
Hyères

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