Témoignage d’Héloïse

La situation à Calais

01 juin 2017

La maman d’Héloïse nous a transmis son témoignage. Un témoignage fort et poignant. Depuis le démantèlement de la jungle de Calais, nous avons l’impression que tout s’est arrêté. Et pourtant…

Je vais essayer d’être le plus clair et exhaustif possible, mais il y a beaucoup de choses à rendre compte. Depuis le démantèlement, il n’y a plus aucune structure étatique sur Calais, plus aucune structure d’accueil, et il y est impossible d’y demander l’asile — la sous-préfecture ne traite plus les demandes, l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) a fermé. Même les réfugiés régularisés qui vivent à Calais ont du mal à faire aboutir leurs démarches administratives (renouvellement de carte de séjour par exemple).

La politique migratoire à Calais n’est gouvernée que par une seule règle : « tolérance zéro migrants » (je reprends les termes des autorités). Un important dispositif policier est ainsi déployé tous les jours avec un objectif simple : « contrôler, arrêter, mettre en rétention ». Les contrôles se font bien sûr au faciès (c’est le « délit de sale gueule » comme disent les sociologues).

©commons wikimedia

 

Le CRA (centre de rétention administrative) est plein à craquer, donc les migrants sont souvent retenus des heures au commissariat avant d’être relâchés faute de places dans les cellules. La mairie a annoncé l’ouverture temporaire de 20 places de plus au CRA (réduction de la taille des cellules de 10 à 7 mètres carrés). En regardant ce qu’il s’est passé auparavant, on craint que cette mesure « temporaire » ne soit en fait définitive. Auparavant la durée de rétention était de 20 jours maximum, elle est passée à 28 jours.

Les arrestations et les jugements (j’ai assisté à plusieurs audiences, elles sont publiques) : CRS/gendarmes sont postés dans plusieurs endroits de la ville où les contrôles sont autorisés par le procureur. Quand ils voient un passant avec une « tête d’étranger », ils le contrôlent. S’il n’a pas de papiers, il est embarqué au commissariat. Tout cela bien sûr, à supposer que la police fasse strictement ce qu’on lui demande. Il faut savoir que les violences policières sont nombreuses (un exemple entre autres, est d’amener les migrants loin de Calais et de les laisser-là après leur avoir enlevé leurs chaussures...).

La violence policière se porte aussi sur les bénévoles sous la forme d’un harcèlement constant et, semble-t-il, généralisé (même si on a eu parfois de superbes équipes de CRS !! Attention pas d’amalgames sur la police, les violences existent et sont intolérables, mais il y a aussi beaucoup d’agents qui font juste leur travail — et parfois à regret — et qui n’en peuvent plus d’être les marionnettes d’une politique absurde qui ne va nulle part et les épuise). En effet, contrôles et fouilles au corps sont fréquents, parfois même arrestations et on a des raisons de penser que certains sont placés sur écoute.

Déjà en décembre, mais depuis janvier surtout, les migrants reviennent à Calais. On les estime entre 200 et 400, mais il est très difficile de savoir. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont plus nombreux aujourd’hui qu’au début de l’année, tout le monde s’accorde à le dire.

En savoir plus

Vous pouvez obtenir la version complète auprès de la rédaction de votre journal.

Extrait du témoignage d’Héloïse

Commentaires