Communication

La transmission au risque des médias

01 mai 2020

Trois acteurs de médias récents reviennent sur les forces et les faiblesses de ces derniers.

 

 

Michelle Gaillard, ancienne directrice d’antenne de Fréquence protestante

Quand Fréquence protestante a été créée en 1984, le souhait de ses fondateurs était, avec une présence sur les grands domaines de la vie en société, de faire connaître et entendre la voix libre – les voix – des protestants et de rappeler la Parole de l’Évangile.

Participer à tous les aspects de la vie sociale, rappeler les dimensions spirituelles qui en sont trop souvent absentes, raconter les cheminements, les engagements, les aspirations si multiples, c’est à cela que peut servir une radio à travers ses très diverses émissions.

Une radio ne s’adresse pas à ceux qui l’écoutent comme un prédicateur à une assemblée de fidèles. Le média qui met en jeu la voix seule, la parole seule, est plus personnel, plus intime, plus familier. Et le public est plus divers qu’une assemblée : entre ceux qui suivent en continu une même station et ceux qui captent de temps en temps certaines émissions et parfois même écoutent par hasard, le rapport à la foi est très différent.

D’ailleurs, si la théologie s’enseigne, la foi se transmet-elle ? La foi est un chemin individuel qui se trace dans le contexte de la société tout entière. Et l’écoute des autres participe de ce chemin.

Éric George, pasteur présent sur les réseaux sociaux

L’Église doit-elle être présente sur les réseaux sociaux ? Sans doute faut-il poser la question autrement, l’Église peut-elle s’amputer de ces lieux de témoignage ?

La nécessité me semble renforcée par les avantages à être présents sur ces nouveaux parvis, ces lieux où sans agresser les autres, nous pouvons leur montrer des images différentes de l’Évangile, de la Bible, de l’Église.

Ces lieux facilitent le témoignage individuel, un témoignage plus libre et plus incarné sans doute qu’un témoignage institutionnel.

Bien sûr les occasions de chute ont de quoi faire réfléchir. Tout d’abord, les chrétiens ne sont malheureusement pas immunisés contre la tentation des invectives ou insinuations fielleuses. Elles sont pour les internautes autant de contre-témoignages.

Ensuite, la tentation est grande de faire confiance aux stratégies de communication plutôt qu’au message dont nous sommes porteurs. Une Église vise-t-elle à faire le buzz, un chrétien doit-il avoir un maximum de followers ? Ou le but est-il de témoigner de ce que signifie suivre Jésus-Christ ? Enfin, les « influenceurs » ne représentent-ils pas une nouvelle forme de magistère ?

Spontanément, les chrétiens se sont emparés de ce nouvel espace de parole et c’est une bonne chose. À condition toutefois de penser un peu notre présence en termes de témoignage et de foi.

Christophe Zimmerlin, producteur de Présence Protestante

La force de la télévision est celle d’un média de masse. En une diffusion des centaines de milliers de personnes sont touchées.

Avec le câble, la TNT, etc., la télévision s’est adaptée aux communautés plus petites. Si bien qu’aujourd’hui plus de 300 chaînes sont disponibles auprès des opérateurs. Mais cette fragmentation atteint ses limites. La télévision reste donc « la cloche du village ». Les téléspectateurs qui la regardent forment une communauté et cela donne du sens à la diffusion des cultes.

Au-delà du médium les programmes reposent sur des personnages et des émotions. Les images sont évocatrices. Quand les plans se succèdent, nous établissons de nous-mêmes une relation entre eux. Un plan suivi d’un autre plan induit un ressenti : recueillement, louange… C’est un principe de la grammaire de l’audiovisuel.

Si les plans sont portés par des personnes, l’émotion naît. Or les émotions favorisent l’empathie et la mémorisation. Une parole incarnée porte alors notre attachement au Christ et stimule notre réflexion et notre foi.





Frédéric Genty journal Paroles Protestantes

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