Edito

Le bon combat

01 novembre 2018

« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. »(2 Timothée 4.7)

Voilà un verset familier des tombes protestantes… Mais que Novembre paraît chargé, en cette année 2018 ! Traîner avec soi le XXe siècle, celui qui nous a vu naître (nous qui avons plus de 18 ans…), ce n’est pas rien. Enfants bénis de générations sans guerre sur l’Hexagone, nous le sommes, certes ! (nous qui avons moins de 73 ans…). Mais quand nous jetons un regard dans le rétro, nous balayons avec accablement un siècle de massacres et de génocides, de lynchages et de déportations. Avec le sentiment amer que notre culture a menti, avec ses Bach, ses Goethe, ses Chopin, Monet et autres éléments de civilisation. Comme si leur magie n’avait servi qu’à mieux cacher ce vers quoi la vieille Europe allait vraiment. Ont-ils participé à l’inconscience collective, satisfaite de sa « supériorité » ? Ou bien ont-ils parfois essayé de prévenir ?

Aujourd’hui, on prend les mêmes, ou presque, et on tente de ne pas recommencer ! Pour le citoyen, la citoyenne en quête d’engagements éthiques, les combats possibles (même sans guerre sur l’Hexagone) sont légion : SOS Méditerranée, le climat, la planète plastifiée, les trafics humains, les zones à défendre… Mais aussi la violence ordinaire des villes ou des campagnes, les turpitudes d’internet, les désengagements politiques, les familles qui explosent… On voudrait être partout, et on n’est pas beaucoup quelque part. On voudrait éteindre tous les feux, et on s’arrête devant l’arbre qui cache la forêt. Quel est le bon combat ? Faut-il le choisir, l’élire ? Ou au contraire s’y laisser inviter ?

Les sages suggèrent qu’il commence avec nous-mêmes - ne cherchons pas plus loin. Que c’est le plus difficile et que les autres couleront de source.

Les pragmatiques affirment qu’il s’implante localement, et que la capillarité « globale » doit faire le reste.

Les prophétiques vont à voix forte exposer sur la place publique ce que d’autres pensent trop bas. Et certaines forteresses injustes commencent à trembler...

Une question, chaque matin : et moi, mon combat, mon bon combat, comment vais-je le faire avancer aujourd’hui ?

Séverine Daudé
Rédactrice en chef d'Echanges

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