Face au coronavirus

Le quotidien ordinaire d’une soignante

01 mai 2020

Voici le témoignage de Marguerite Avit, infirmière à l’assistance publique de Paris, œuvrant dans un hôpital. Profitant du renforcement de l’équipe, elle a pris un court temps pour se confier.

L’accueil hospitalier a été réorganisé : l’hôpital dans lequel je travaille est un hôpital gériatrique où on n’accueillait pas de patients Covid+. Depuis la semaine dernière, nous avons 45 lits de Covid. Aussi les lits de soins de suite et de réadaptation commencent à ouvrir depuis cette semaine pour la prise en charge des patients « post Covid ». L’isolement du patient est une situation très difficile à vivre pour lui et sa famille (pour ceux qui le peuvent, tout se passe par téléphone).

Marguerite Avit ©Marguerite Avit@facebook

Le ressourcement

À la question de savoir s’il faut allier famille et risque d’épidémie, elle répond : « En ce qui me concerne, c’est ma hantise en ce moment, surtout que je traverse des périodes difficiles depuis quelque temps déjà, avec l’état de santé de mon époux. J’ai peur de la contagion. Je vis des situations qui font très peur. Le matin, je prends en charge un patient, sans aucune protection. Quand je reviens le soir, j’apprends qu’il a été diagnostiqué positif, et transféré. C’est devenu répétitif, plusieurs patients sont concernés. Comment ne pas avoir peur ? Tous les jours, je me remets au Seigneur ; lui seul saura me protéger. À l’heure où je vous écris, je ne connais pas mon statut, je ne sais pas si je suis contaminée ou pas. »

Dans ces temps d’insécurité, il est réconfortant de voir les gens qui applaudissent de leur fenêtre, à 20 h, de savoir que beaucoup prient pour les malades et les soignants. « Je me ressource auprès de ma famille qui, inquiète, prend des nouvelles tous les jours. C’est très réconfortant. Je m’appuie aussi sur la prière et la lecture de la Bible et l’évocation de certains versets. »

propos recueillis par
Françoise Perrier-Argaud

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