Évangélisation

Le réseau sentinelle, un observatoire de la précarité

01 janvier 2020

Les pouvoirs publics ne savent pas mesurer le poids statistique des « invisibles », ces gens en situation précaire qui ne tiennent pas à le montrer, et pour cause ! Mais la Fédération de l’Entraide protestante (FEP), grâce à son vaste réseau d’associations d’entraide réparti sur tout le territoire, important et peu courant, peut essayer de le faire.

Lors d’échanges avec le ministère des Affaires sociales, les services de l’État ont fait part de leur vif intérêt pour ce réseau méconnu et pour le travail de proximité réalisé auprès des populations en difficulté. Partout en France, dans ces entraides, un public en situation de précarité est accueilli, aidé, accompagné, secouru.

Un véritable observatoire

Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Bien souvent nul ne le sait car, esprit protestant oblige, les bénévoles sont souvent discrets, modestes et désintéressés. Si les services de l’État recueillent les chiffres de la pauvreté via les établissements et les associations qu’ils financent, ils reconnaissent ignorer totalement cette frange de la population dont les données n’apparaissent nulle part, parce que souvent elles ne sont pas collectées.

 
© Sophie Monod

Fort de ce constat, la FEP a lancé la mise en place d’un réseau « sentinelle » constitué d’associations d’entraide. Pourquoi « sentinelle » ? Parce qu’au travers d’un questionnaire annuel et anonyme sur les problématiques sociales des personnes reçues, ces associations vont pouvoir, année après année, observer les évolutions d’une précarité méconnue. C’est donc un véritable observatoire qui est en train de se créer au sein de la FEP. Au-delà du partenariat avec les services de la cohésion sociale, c’est une belle opportunité pour nos adhérents de pouvoir mesurer le travail fourni par leurs bénévoles et de mettre en valeur leur action.

Une collaboration précieuse

Fidèle à sa charte, la FEP entend bien se servir des résultats obtenus pour faire du plaidoyer et tenter de faire valoir les besoins des populations concernées, mais aussi alerter quand cela est nécessaire, afin d’inciter l’État à faire évoluer ses dispositifs et les politiques publiques. Pour que ce réseau « sentinelle » se constitue, il faut que les entraides s’impliquent dans ce recueil de données.
Actuellement, 35 associations adhèrent au dispositif et elles devraient être 50 en 2020. Chaque année, elles font parvenir à la tête de réseau un questionnaire rempli qui vient alimenter une base de données, qui pourra être ensuite exploitée. La première « photographie » est attendue début 2020. Elle pourra ensuite être comparée à celle de 2021 et on devrait ainsi savoir comment évolue la précarité en France grâce à nos associations d’entraides, véritables observatrices de la pauvreté. En rencontrant beaucoup de bénévoles et d’associations de la FEP, nous allons en même temps rendre compte du travail réalisé par de nombreux anonymes qui sont engagés auprès de leurs semblables et qui pratiquent naturellement la solidarité et la fraternité comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir !

En savoir plus

Contact : Patrick Pailleux, 06 59 58 10 13 - patrick.pailleux@fep.asso.fr

Patrick Pailleux ,
Chargé de mission, Fédération de l’Entraide protestante

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