Qui sont

Les Invisibles ?

01 avril 2019

« L’invisibilité sociale, une nouvelle actualité » pouvait-on lire en 2015. Non seulement aujourd’hui cette actualité n’est plus nouvelle, mais elle s’enracine au sein de notre société. Invisibilité subie ou choisie ? Qui sont ceux qui se cachent ou que l’on cache derrière cette appellation ? Ceux que l’on ne voit pas, que l’on ne veut pas voir ou qui ne veulent pas être vus ?

Invisibilité subie
Les invisibles ne représentent pas un groupe social et il serait plus juste de parler de situations d’invisibilité et de processus sociaux, économiques, administratifs, politiques qui tendent à les rendre invisibles.
Si la question de l’invisibilité sociale ne peut être réduite à la seule question de l’interaction entre les individus, il semble indiscutable que le rapport à l’autre en constitue le fondement. Ainsi, le manque ou le déni de reconnaissance sont souvent à l’origine de situations d’invisibilité qui ajoutent de la souffrance à la pauvreté, la précarité et au sentiment d’exclusion de ceux qui sont « en dehors » et pourtant à côté de nous. 
 
© DR

Les personnes deviennent invisibles aux yeux de l’administration, de leurs proches, de la société…
Le profil des personnes impactées par ces situations d’invisibilité est variable. L’invisibilité est subie par ces jeunes mineures prostituées pour qui il est souvent trop tard quand leurs situations deviennent visibles, par cette femme qui a élu domicile dans sa voiture, avec son chat pour seul compagnon. « Je n’existe pas aux yeux de la société », dit-elle.

Et/ou invisibilité choisie

© Roman Bonnefoy
  L’invisibilité est subie et « choisie » par celles qui vivent dans la rue, se dissimulant sous leurs vêtements pour ne pas être identifiées, car pour elles « quand on vit dans la rue, le plus grand danger c’est d’être une femme ». L’invisibilité peut être choisie quand elle s’inscrit dans un projet de résistance pour ne pas être marginalisé tels ces chômeurs qui continuent à donner le change, rendant invisible leur situation précaire.
Rendre les pauvres invisibles aux yeux d’une partie de la population dans certains quartiers, en les déplaçant, est un choix délibéré.
Enfin, que dire des déboutés du droit d’asile, sans existence administrative sur le sol français qui subissent cette situation d’invisibilité sans que rien ne soit mis en œuvre, perdant petit à petit espoir, dignité et estime de soi.

Arrêtons de mettre les gens dans les cases en en excluant une grande partie qui ne se retrouve plus dans aucun dispositif. Soyons vigilants, en alerte, discernons et accompagnons ces « invisibles » afin qu’ils occupent la place qui est la leur au sein de notre société.

 Laure Miquel

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