Les journées prêtres-pasteurs du Loiret

01 septembre 2017

Dans le Loiret, les ministres catholiques, protestants et orthodoxes se réunissent une fois par an, pour échanger sur leurs pratiques pastorales.

Comme un peu partout, la pastorale mensuelle d’Orléans réunit des autorités catholiques (évêque, responsable en charge de l’œcuménisme, chargé de communication, un ou deux prêtres sensibles au sujet), un prêtre orthodoxe et des pasteurs. Elle organise des rassemblements et événements œcuméniques. Au-delà de ces rencontres fraternelles sur des projets communs, avait été exprimé le besoin d’échanges plus larges. Sont alors nées, en 2014, les journées prêtres-pasteurs du Loiret.

Échanger sur les pratiques pastorales

Guillaume de Clermont, pasteur à Orléans au moment de la création de ces journées, raconte : Il fallait choisir un thème large et concret, qui concerne tous les ministres du département, toutes confessions confondues. Le père Dominique Panis, en charge de l’œcuménisme au diocèse du Centre-Val de Loire, précise : Le choix a été fait de partir de nos expériences pastorales, de nos pratiques quotidiennes pour nourrir notre connaissance de l’autre. Le premier thème fut la fin de vie, le second le baptême et en 2016, le mariage.

 
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Grâce à la forte implication de l’évêque Jacques Blaquart, chaque année, à l’automne, le nombre de ministres participants augmente, du côté catholique. Côté évangélique, les pasteurs, qui fréquentent peu les manifestations œcuméniques, participent pourtant à ces journées. Pour certains ministres qui exercent en milieu rural ou dans des milieux très fermés, c’est parfois la seule confrontation œcuménique. À la dernière édition, trente-cinq personnes étaient présentes, dont une seule femme : Agnès Lefranc, pasteur de l’EPUdF-Église réformée d’Orléans. C’était ma première participation. J’ai beaucoup aimé ces échanges en atelier sur nos pratiques, relate-t-elle. En effet, après une présentation par confession, les participants échangent sur leurs expériences : leurs trucs et astuces comme leurs contraintes, sensiblement différentes. Si un baptême peut être célébré lors d’une assemblée dominicale chez les orthodoxes et les protestants, les baptêmes catholiques, trop nombreux, perturberaient la vie des communautés. Quant aux mariages, un prêtre en célèbre une trentaine par an quand un pasteur n’en bénit qu’une demi-douzaine. Impossible d’assurer la même préparation et le même suivi.

Donner du sens aux gestes

Le pasteur baptiste Christophe Hahling y a découvert les multiples gestes orthodoxes, qui peuvent, au premier abord, paraître superflus, mais ont des significations théologiques. Sans adopter ces gestes dans les cultes que je célèbre, j’y porte un regard plus curieux et compréhensif qu’avant, confesse-t-il. Guillaume de Clermont va aussi dans ce sens : À trop focaliser sur la Parole, les protestants en oublient que les gestes peuvent donner sens à cette Parole : le cierge du baptême pour la lumière qui éclaire la vie du baptisé, le vêtement blanc qui représente le lavement des péchés par le baptême… autant de gestes qui pourraient devenir œcuméniques. Comme la Bible remise aux jeunes mariés, par l’évêque. Aurait-il été inspiré par la tradition protestante ?

Si l’Église catholique bénéficie d’une plus large visibilité que les autres Églises, elle n’en est pas moins confrontée au même public, éloigné de toute pratique ecclésiale. Nous faisons face à la même sociologie, constate Agnès Lefranc. Les sacrements et bénédictions doivent être expliqués, car parfois les demandeurs n’y attribuent pas la même signification que l’Église. Le fonctionnement et le financement leur sont tout aussi inconnus. Et que faire après ces célébrations, pour que ces sollicitations ne deviennent pas des occasions manquées d’évangélisation ?

Loin de toute confrontation théologique, les ministres partagent leurs différences et savoir-faire.

Nadia Savin

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