Amitié judéo-chrétienne de Nice

Les religions sont-elles misogynes ?

01 février 2018

Cet article arrive juste à point à la suite du dossier de ce mois ! La façon d’interpréter la Bible de nos traditions marque profondément notre société judéo-chrétienne, patriarcale. Une lecture renouvelée offre de nouveaux repères pour les relations entre hommes et femmes.

 

 

En ces temps de crispation identitaire religieuse, l’amitié judéo-chrétienne de Nice (AJC) souhaite diversifier ses lieux de conférence, afin de toucher un public plus large. Dans la continuité de ses engagements, elle a souhaité s’associer avec Maayane Or, la communauté Massorti de Nice, et avec le FSJU pour sa conférence mensuelle, le 18 décembre dernier. Delphine Horvilleur, rabbin et Sophie Zentz-Amédro, pasteur, ont donc été reçues dans les locaux du Fonds social juif unifié (FSJU) pour une rencontre autour du thème Les religions sont-elles misogynes ?

 

Pas facile d’être femme et rabbin

Delphine Horvilleur, l’une des trois femmes rabbins en France, a évoqué le caractère « patriarcal » de la Bible (AT), même s’il est incontestable qu’elle contient de beaux portraits de femmes. Elle a soulevé combien un rabbinat féminin était difficile en France et les difficultés auxquelles elle doit encore se confronter. Delphine Horvilleur est donc une militante féministe dans le sens où elle lutte pour une égalité des hommes et des femmes en religion et dans la société civile.

 

Les luthéro-réformés en pointe

Le pasteur Sophie Zentz-Amédro a rappelé la rupture proposée par l’Évangile, qui invite à une égalité totale entre homme et femme dans la conduite de l’Église alors que, dès la prise en main par des théologiens et à leur suite l’institutionnalisation de l’Église, la femme fut reléguée dans un rôle mineur. Quant à la Réforme, elle n’a pas su, ou osé, redonner à la femme la place que lui procuraient la vie et les paroles de Jésus. Accepté depuis 1966, il a fallu attendre le dernier tiers du XXe siècle pour que le rôle de ministre lui soit reconnu à part entière dans les paroisses. Dans certaines confessions protestantes, elle n’a pas encore obtenu la possibilité d’administrer les sacrements. Mais chez les protestants luthéro-réformés, l’accès à la gouvernance est chose établie : Sophie Zentz-Amédro a été l’une des présidentes de région et une femme préside pour la première fois le Conseil national de l’Église protestante unie.

 

L’importance de la connaissance

Ces échanges nous obligent à poser la question de l’identité : à quoi se réfère-t-on lorsque l’on se définit juive ou chrétienne ? Comment définir et pourquoi définir une identité juive ou chrétienne devant la diversité des opinions et des croyances ? Nos intervenantes ont souligné l’importance de l’étude et de la connaissance pour comprendre sa propre religion et son fonctionnement, mais aussi, et surtout, pour comprendre l’Autre, étape indispensable pour l’accepter dans sa différence.

Myriam A. ORBAN

 

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