À la rencontre de

Pablo Sacilotto

01 février 2020

Pablo Sacilotto est, depuis septembre, stagiaire à l’Église protestante unie de Tours. Un paroissien nous dévoile son parcours.

Pablo Sacilotto vient du Brésil : c’est-à-dire de l’immensité. Immensité des terres et des fleuves ; immensité des villes ; la sienne, Sao Paulo, compte plus de 11 millions d’habitants ! Immense diversité des cultures. Églises immenses aussi ! L’Église baptiste, où il avait déjà une charge pastorale, comptait quand il en est parti 3 000 membres et 20 pasteurs…C’est de cette Église qu’il s’embarque fin 2011 pour la lointaine Europe. Plus précisément pour la France, avec un projet missionnaire : y servir la confession baptiste. Sur une proposition du professeur de philosophie qui l’a formé en licence de théologie et qu’il admire tant : « Si tu allais en mission en France, Pablo ? », lui dit-il un jour. « Par exemple vers Montpellier. Tu pourrais en même temps fréquenter la fac de théologie… »  

Crédit : Élisabeth Renaud

 

Découverte

Voici donc Pablo en France avec Patricia, sa jeune épouse. Du français il ne sait alors articuler que « bonsoir »… C’est peu ! Mais il est doué ; un cours intensif en région parisienne et le voilà bientôt prêt. 
Il arrive à Lunel, pasteur en pleine responsabilité d’une Église baptiste d’une vingtaine de membres : ça le change ! Nous sommes fin 2012.
Pablo parle aujourd’hui parfaitement notre langue. Vient le temps des premiers contacts avec la fac de théologie toute proche. Il va bientôt s’y inscrire en master de théologie appliquée. Aube nouvelle…
Aube nouvelle oui ! Car pour Pablo, qui vit depuis des années sa foi dans une communauté évangélique baptiste, c’est la découverte d’une autre forme d’immensité : celle de la culture sans frontières et sans interdits. Pouvoir tout lire, tout dévorer de la littérature, des sciences humaines, des sciences tout court ! 
Lire Camus, qu’il ne cesse de méditer ; étudier Habermas. Dialoguer avec la pensée de Ricœur, et directement avec Olivier Abel son disciple ; s’ouvrir à la profondeur théologique et philosophique de Tillich et de tant d’autres…
Pablo, assez réservé au début de notre entretien, devient lyrique ! Et c’est très émouvant.

Et reconnaissance

Tout cela va le conduire là où il ne s’attendait pas : à vivre une tension de plus en plus forte entre sa fraternité évangélique, si profondément ancrée en lui ; et une autre forme possible d’Église, fondée sur une théologie de dialogue. 
Pablo est très reconnaissant pour tout ce que le monde baptiste a pu lui transmettre ; et de l’avoir envoyé en mission en France ! Mais il a choisi notre Église, l’Église protestante unie de France, où il va déposer sa candidature à un poste de proposant. Non parce que, meilleure que les autres, elle détiendrait la vérité ! Mais parce qu’elle dit justement ne pas la détenir. Nous évoquons ensemble Paul Tillich : « seul le Christ connaît son Église… » 
Comme ses douze autres jeunes collègues, Pablo boucle, cette année, son master de théologie appliquée, en alternant séminaires aux facultés de théologie de Paris et de Montpellier et stages pratiques auprès d’un pasteur en paroisse : en l’occurrence Marc Schaefer à Tours. 
« Quelle chance pour moi ! » me dit-il. « Quelle chance pour nous ! » ai-je pensé… Tous ceux qui le fréquentent dans la paroisse apprécient sa gentillesse discrète, sa grande ouverture d’esprit, son intelligence. 
Et la vastitude de son expérience humaine. Pablo porte avec lui un monde précieux, celui de l’immensité brésilienne. Et celui d’autres formes d’Églises, au sens le plus large du terme. De quoi nourrir de très féconds dialogues !

Émile Genouvrier

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