Folles idées

Parler à tous dans nos cultes

01 septembre 2017

Nos cultes sont publics. Ils sont ouverts à tous. Nous nous réjouissons d’y voir du monde. Nous guettons les habitués mais nous espérons beaucoup de nouveaux participants. Mais sommes-nous à la hauteur de nos ambitions ? Parlons-nous vraiment à tous ? Nous pouvons parfois en douter…

Sur le seuil du temple

Au seuil du temple, la première question qui vient à l’esprit c’est de savoir qui est qui ? Celui qui me salue, qui est-il (elle) ? Un(e) pasteur(e), un paroissien régulier, quelqu’un d’autre ?
Et il faut bien reconnaître que, lorsque le pasteur ne porte pas de robe pastorale, la réponse n’est pas immédiate. Qui sont ceux que l’on croise sur le pas de la porte ? Des personnes de passage, des habitués, des responsables de l’Église locale ? Quelqu’un m’aborde et me salue gentiment, mais qui est-il (elle) ? 

   
Culte du Synode, novembre 2016 à Saintes © Élisabeth Renaud

Plus tard, dans le culte, une personne conduit le culte… De qui s’agit-il ?
Il nous faut travailler particulièrement l’accueil. Le premier contact avec celui ou celle qui entre dans nos lieux de culte est probablement l’un des moments clefs de l’accueil communautaire. En avons-nous suffisamment pris la mesure ?

La liturgie : pour que chacun s’y retrouve

Debout, assis, debout, debout, assis… chant entonné spontanément par l’assemblée, ou chant annoncé, utilisation du recueil de cantiques ou non, projection ou non du chant, nos habitudes liturgiques ne sont pas accessibles directement pour des inconnus qui passent. J’ai tout vu. Petites feuilles glissées dans les recueils de chants, livrets complets avec toutes les possibilités selon le temps liturgique de l’année, panneaux d’affichage en bois avec les numéros des chants spontanés et des cantiques du jour (plus ou moins à jour). Rien ne remplace les petites phrases de lien, d’explication. En début de culte, avant même la parole d’accueil, donnez le « mode d’emploi » de la liturgie. Expliquez la numérotation du recueil Alléluia. Pendant le culte, prononcez la première phrase du chant que vous annoncez. Et pour éviter de longues explications, écrivez sur votre liturgie les petites phrases de liaison et d’explications qui permettront que chacun s’y retrouve.

Les annonces : pour éviter le pire

C’est sans doute ici (avec la liturgie de la Cène) que nous devons redoubler d’efforts. Une personne s’approche, l’air un peu hésitante et égrène des annonces en donnant l’impression de les découvrir une à une avec des approximations de date, d’horaires, de lieux… le pasteur corrige en interrogeant l’assemblée pour avoir l’acquiescement. Ou Mme Mouchamiel arrive avec le journal de paroisse et lit devant l’assemblée chaque annonce en mélangeant le lointain, le proche, le moyen terme. À la troisième annonce, tout le monde décroche. Ou bien encore, chacun défile pour venir exposer son prochain rendez-vous. Personne ne sait vraiment quand cela s’arrêtera. Ou bien encore des phrases du type : le groupe « Amilly » se réunira, comme chaque mois chez Suzette à 18h30. Pour le covoiturage, demandez à Francine ou bien Pour la fête des missions, voyez Lucien qui s’occupe des inscriptions. Vous avez reçu le programme, Hein ? Imaginez comme l’information est claire pour quelqu’un qui viendrait pour la première fois.

Les annonces peuvent être le pire moment du culte. Mal préparées, imprécises, mal organisées, trop nombreuses, dans un langage d’initié, avec des défilés de personnes qui ne parlent pas dans le micro… Les annonces doivent être soignées ! Je préconise qu’une seule personne soit en charge des annonces. La personne d’accueil ou bien celle qui préside le culte. Les informations doivent être rédigées, organisées, classées par thème. Et si beaucoup d’annonces doivent être faites, privilégiez une petite feuille qui sera distribuée à l’entrée du culte…

La sainte cène… pour tous !

Il y aurait beaucoup à dire sur les textes liturgiques qui sont parfois dans un langage très hermétique : préface, épiclèse, fraction – élévation, etc. Mais laissons-là ce chapitre.

C’est surtout dans le déroulement pratique qu’il nous faut progresser. Je pense à la Cène célébrée avec coupe de vin, coupe de jus de raisin, petits verres de vin et petits verres de jus de raisin. Si le mode d’emploi n’est pas clairement donné, impossible de comprendre.

Je pense à la distribution du pain en prononçant une parole biblique que les premiers communiants répètent approximativement, puis chacun finit par marmonner quelque chose à son voisin et l’on ne sait plus vraiment s’il faut dire ou pas quelque chose. Je pense aux gestes : ici on fait tourner un plateau et chacun se sert ; là chacun doit offrir un morceau à son voisin ; ici on reçoit un morceau de pain dont on doit couper un petit bout pour le donner à celui dont on a reçu le pain, puis on passe le pain au suivant qui doit répéter le geste. Il y a ceux qui boivent à la coupe, ceux qui trempent leur pain dans la coupe, ceux qui ne prennent que le pain…

Nos liturgies de sainte cène et nos pratiques du partage sont-elles vraiment pour tous ? Je ne critique aucune pratique. Mais je plaide pour un langage simple, pour une sobriété de la liturgie et surtout pour une pédagogie claire sur les gestes pratiqués localement. Que chacun puisse comprendre et se sentir à l’aise. Écrivons nos consignes clairement pour bien les énoncer au moment de la liturgie. Expliquons notre pratique de la Cène avant de démarrer la liturgie par exemple. Ayons le souci de rendre à tous accessible l’un des plus beaux moments de communion de notre culte.

Nos cultes « classiques » sont de belles occasions d’accueil

Ici et là, nous tentons des expériences intéressantes pour des cultes renouvelés. Cultes « café-croissants », « cultes-bibliques », « cultes inter-générations »… et notre créativité porte du fruit.

Mais chaque culte classique et nos liturgies traditionnelles sont de belles occasions d’accueillir. Encore faut-il en avoir conscience, en avoir envie, et en avoir le souci lorsque nous préparons nos cultes. Tout se joue parfois dans les petits détails.

Guillaume de Clermont

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