Parole de Dieu, violence des hommes

01 septembre 2017

En plein cœur de Beyrouth, dans un amphithéâtre de l’ESA Business School, avait lieu du 17 au 19 mai derniers le 1er colloque universitaire organisé par la Fondation des Cèdres en lien avec l’Église protestante française de Beyrouth et avec de multiples partenaires universitaires. Guillaume de Clermont nous en relate les principaux points.

La Fondation des Cèdres est née il y a deux ans. Créée pour soutenir l’Église protestante française de Beyrouth (prise en charge financière du poste pastoral) et pour soutenir des œuvres sociales, la Fondation des Cèdres s’est aussi donné pour objectif d’accompagner durablement une réflexion universitaire et des engagements concrets dans la société civile libanaise pour tenter de « déconstruire » les mécanismes de violence au Liban.

Dans une société libanaise très complexe, où la mémoire de la guerre et les équilibres fragiles entre les différentes communautés religieuses alimentent aujourd’hui encore des tensions très vives, l’ambition de la Fondation des Cèdes est de participer par tous les moyens à ouvrir des chemins de non-violence.

Trois jours de colloque pour revisiter des textes religieux essentiellement et comprendre comment ces textes sont (ou ont été) utilisés pour engendrer la violence.

Une conférence d’ouverture par Olivier Roy, puis les interventions d’universitaires de renom sur des « cas de discours » ont permis à l’assistance de s’immerger (à des époques différentes) dans des discours incitant à la violence. Depuis la fatwa d’Ibn Tymiyya sur la participation des musulmans au Jeudi saint (XIIIe siècle) en passant par le discours produit par les catholiques au XVIe siècle pour exterminer des protestants au moment de la Saint-Barthelemy, depuis le texte de Milton sur l’agonie de Samson jusqu’à la propagande de l’État islamique contre les femmes, chaque intervenant montrait comment le langage religieux est utilisé pour produire de la violence.

La deuxième partie du colloque a permis d’écouter des initiatives très pratiques pour résister à la violence : la présidente de l’association Coexister, le directeur de l’institut Al Mowafaqua, un combattant repenti de la guerre du Liban qui témoigne dans les écoles aujourd’hui… Chaque expérience, commentée ensuite par les universitaires, permettait d’ouvrir des perspectives encourageantes pour l’avenir. Le colloque des Cèdres était une « première ».

Parole de Dieu, violences des hommes… Le cadre, l’ambiance et la qualité du colloque resteront assurément gravés dans la mémoire de tous les participants. Mais personne n’oubliera, malgré ce colloque, qu’à une centaine de kilomètres seulement des débats, la violence des hommes continuait à se déchaîner en Syrie.

Crédit photo : Pierre Lacoste

Guillaume de Clermont

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