À la rencontre de

Patrice Bouton

01 décembre 2018

La première fois que j’ai eu un contact téléphonique avec Patrice Bouton fin septembre, il était sur la route avec sa compagne vers le temple de St-Raphaël où il devait présenter une expo de photos sur Marie Durand. Il les avait réalisées à Aigues-Mortes sur le thème « Résister » à l’occasion du 250e anniversaire de sa libération de la Tour de Constance. Immédiatement Patrice m’est donc apparu comme un photographe au service de la foi protestante ! Voici son histoire telle qu’il me l’a confiée.

Patrice est né dans le Loiret en 1943 et a vécu son enfance en Indochine de 1947 à 1952. De retour en France à Nice il est mis en pension au collège St-Stanislas tenu par les Jésuites ; il se souvient que son cœur d’enfant avait été sensible au chant : Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole.

Un métier

Le désir de prendre des photos est né, m’a-t-il confié, devant la beauté des paysages d’Indonésie où il a vécu deux ans au moment de son adolescence. Son père y avait été envoyé pour y construire un barrage hydroélectrique. La photo était la passion de son père qui lui a transmis les premiers éléments de base concernant les prises de vue et les tirages en noir et blanc. Moment rare et privilégié d’une relation trop courte avec mon père qui m’a comblé lorsqu’il m’a offert son appareil photo un Leica 24x36 que j’ai toujours gardé.
Au cours de son service militaire en 1963 il fait un reportage sur la vie en caserne et termine comme photographe du régiment : J’avais dans les poches de mon treillis le Leica et un missel.

 
© Bouton

De retour à Paris, il a la chance de rencontrer Pierre Gassman, patron d’un célèbre laboratoire de photos travaillant entre autres pour l’agence photos Magnum qui lui lance le défi de faire un reportage sur les halles de Paris puis l’embauche. Ce qui lui permet de parfaire sa maîtrise du développement et du tirage des films. Il pourra ainsi travailler pour de grands photographes, Cartier- Bresson en particulier.
Grâce à cette formation et ses références il est embauché au service publicité de la compagnie IBM France en 1967 et y restera jusqu’en 1995 ; il part alors en pré-retraite et peut revenir à une pratique personnelle de la photo.

Un talent

Le décès de son frère, âgé de 26 ans, avait fortement éprouvé les fondements de sa foi ; les paroles de Jésus rapportées dans Matthieu 11. 28 : Venez à moi vous tous qui êtes fatigués, et chargés et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur l’avaient touché au plus profond. Libéré des contraintes d’une vie professionnelle il prend la décision de mettre son talent de photographe au service de la Parole qui guérit et libère, de témoigner de sa foi chrétienne par la photographie. Il met en pratique le précepte de son maître Henri Cartier-Bresson lui enseignant l’art du cadrage et de l’instantané : La photo est une action, le dessin d’une méditation. Dans cette lutte avec le temps, il y a une nécessité angoissante celle d’aligner dans la même ligne de mire l’œil, la tête et le cœur.
Il se rend à plusieurs reprises en Israël pour marcher sur les pas de Jésus et prendre des photos en relation avec les textes bibliques. En 2000 il photographie une bédouine dans le désert transjordanien non loin de Jéricho ; ces photos, il les chérit particulièrement car l’humilité de son attitude a dissipé la peur et fait tomber les barrières ; il a pu aligner l’œil, la tête et le cœur. Il leur a associé des versets tirés du récit de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine dans l’évangile de Jean.
Il est maintenant installé comme photographe dans le sud de la Charente à Chalais, attiré par la beauté des églises romanes et la douceur des paysages. Il y a fait son trou puisqu’il est conseiller municipal et depuis 2016 ancré dans l’Église protestante unie de Barbezieux. Il a la joie de voir quelques-unes de ses photos décorer le temple. Vous pouvez aussi découvrir de temps en temps ses photos dans Le Protestant de l’Ouest. Il a le projet de mettre son talent de photographe témoin de la Bonne Nouvelle au service des Églises de la région Ouest et au-delà.

Danièle Gasse

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