Cap au large

Rencontre en Terre Awajun

01 janvier 2020

L’équipe d’aînés de Tours, branche des 16-18 ans des Éclaireurs et éclaireuses unionistes de France, a eu l’opportunité de vivre une expérience unique et marquante en terres inconnues du Pérou. Sous l’appellation spectaculaire des « Caddies muesli », six aînés, Agathe, Prune, Alexandra, et Marielle et Benoît, leurs responsables sont partis à la rencontre de la civilisation Awajun durant quatre semaines l’été dernier.

Notre projet ? Découvrir une civilisation autochtone qui avait pu survivre à l’occidentalisation, avec ses coutumes, son rapport à la nature et au reste du monde. Nous avons eu la chance et l’honneur d’entrer en contact avec une femme qui allait changer notre rapport à la culture pré-colombienne pour le reste de nos jours : Clarita.
Avec son aide, le partenariat que nous avons établi avec son association nous a alors ouvert la porte du monde Awajun.

Maison typique Awajun au cœur de l’Amazonie, dans un village accessible seulement à pied
© Marielle Heintz

 

Conserver une identité propre

L’association de Clarita s’appelle Nugkui. Nous allions apprendre plus tard que ce nom désignait une divinité Awajun, créatrice de la terre (et des gaz intestinaux).
Son but est de promouvoir la culture Awajun dans toute sa complexité, et d’aider à travers cette activité à l’autonomisation des femmes. Pour cela, l’association propose des parcours immersifs, dans les différentes communautés de la région de Chiriaco.
Les Awajuns étaient autrefois un peuple très guerrier, très isolé du reste de la société péruvienne. Mais ces dernières années, l’augmentation de leur isolement relatif les a placés dans une position complexe de pauvreté vis-à-vis de la population globalisée.
Leur nouvelle prétention à des conditions de vie meilleures les pousses à développer des solutions sur le long terme, tout en conservant leur identité propre.
Développer cette activité est compliqué, quand on veut préserver ses coutumes, ses terres. Ainsi l’artisanat apparaît comme une alternative remarquable : protéger sa culture tout en vendant ses créations.
C’est donc dans cette optique que l’association nous a répondu et que nous avons pu construire notre séjour au Pérou avec elle. Nous avons pris contact avec une Awajun faisant partie de l’association : Rosita. Elle allait devenir notre guide spirituelle dans toutes nos découvertes chez les Awajun. Cette femme extraordinaire parlait à la fois espagnol et awajun, car elle était native de la communauté de Sawiensta. Image parfaite de la fusion entre les deux cultures, une femme ancrée dans la société moderne, mais n’ayant pas oublié ses racines culturelles.

Comprendre la culture

Notre séjour a débuté dans la ville de Chiriaco, au nord-est du Pérou, dans la forêt amazonienne. Végétation luxuriante, chaleur et humidité étaient au rendez-vous.

Agathe et Alexandra s’essayant au look Awajun. Les couvres-chefs ne sont portés normalement que par des hommes © Marielle Heintz
  Nous logions dans la maison de la mère de la coordinatrice de l’association, ce qui nous permettait de vivre la vie péruvienne en son cœur et son sein. Les communautés Awajun étaient réparties aux alentours de la ville, certaines juste à côté et d’autres bien plus isolées.
Rosita était notre seul contact lorsque nous pénétrions dans ces villages, car les Awajuns parlent peu espagnol. Nous avons donc très rapidement appris à lui faire confiance, et ce lien que nous avons construit nous a appris bien des anecdotes et coutumes sur la vie quotidienne au village.

Elle nous a permis de comprendre ce que représentait l’identité Awajun à une époque où il est difficile de définir sa propre culture. Un Awajun est fier de sa culture, et c’est quelque chose que nous avions besoin de comprendre pour appréhender leur envie d’intégration.
Nous nous sommes particulièrement concentrés sur la place et le rôle des femmes dans les communautés. Leur quotidien nous était conté à travers le regard de Rosita, critique malgré son attachement à sa culture. Les femmes passent la majorité de leur journée à travailler dans les chakras, les champs cultivés que chaque famille se transmet sur des générations, et qui peuvent atteindre plusieurs hectares. C’est donc un travail très physique sur lequel reposent tous les repas. Nous avons proposé notre aide à une femme veuve dont les champs, très grands, demandaient un intense désherbage… Nous nous sommes néanmoins vite rendu compte que notre aide serait très limitée, car malgré notre bonne volonté, notre efficacité était moindre. L’Awajun allait beaucoup plus vite de par son expérience, mais nous avons fini par venir à bout de notre (petite) part. Lorsque les femmes ont du temps libre, elles en profitent pour faire de l’artisanat : poterie, bijoux, confection de costumes traditionnels et de leurs accessoires.

Promouvoir la culture

Lors d’une visite de chakras avec Rosita, nous avons découvert que les perles utilisées pour les bijoux étaient des graines colorées récoltées par les femmes.
Ces costumes, les Awajuns ne les portent plus au quotidien. Désormais, ils s’habillent avec des vêtements occidentaux. Nous avons cependant eu l’honneur d’être accueillis par des danses traditionnelles, que les Awajuns ont réalisées en costumes. Pour eux, cet accueil est une manière de souhaiter bienvenue aux touristes et membres d’autres communautés.
Quant aux bijoux, les Awajuns ont l’habitude de les présenter aux touristes pour qu’ils puissent acheter des bijoux et poteries qui leur plaisent. Dans les communautés de Sawiensta et Umukai, nous avons tous pu trouver notre bonheur, que ce soit poterie, colliers, couronnes ou courtes lances.
Dans la communauté Umukai, les femmes ont construit le toit d’une maison de l’artisanat, qui est destinée à exposer les bijoux et autres pour les vendre. Le problème, c’est qu’il pleut beaucoup lors de la saison des pluies ! Le sol était à chaque fois gadouilleux et les femmes nous ont demandé de les aider pour récolter de l’argent pour financer la pose d’une chape de béton.

Pour cela, l’association a organisé une sorte de fête à Chiriaco. Il y a eu une vente de nourriture française faite par nous avec les moyens du bord. En parallèle, des femmes Umukai sont venues pour vendre des larves Suri (bébés scarabées), des bijoux et du manioc.
En plus de ces ventes, Rosita a aussi mis en place un tournoi de volley payant, qui est en quelque sorte le sport national péruvien pour les femmes. Nous avons lamentablement perdu.
Et malgré ces péripéties, l’argent récolté ne fut pas suffisant pour payer la chape de béton…
 
Larves Suri (bébés scarabées)
à déguster © Marielle Heintz

Un jour, Rosita nous a emmenés voir le maire. Elle lui a parlé de l’association, de ce que les femmes de l’association faisaient, et nous a pris comme exemple pour montrer que la culture Awajun intéressait beaucoup. Il a compris que l’association pouvait jouer un rôle prédominant dans la promotion de cette culture si importante pour sa ville. Ce périple au Pérou fut une découverte formidable et très enrichissante. Avoir l’honneur de découvrir une culture aussi riche que celle des Awajuns est une expérience inégalable.
Une présentation plus détaillée de ce périple est programmée le 11 juin à Tours.

Notre groupe avec des Awajuns de la communauté de Sawiensta en tenue traditionnelle
© Marielle Heintz

 

En savoir plus

Renseignements : eeudftours@outlook.fr

L’équipe des Caddies Muesli

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