Transmettre, oui mais comment ?

01 avril 2017

Le colloque Nouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion était organisé par l’université de théologie de Strasbourg et l’université catholique de Louvain, fin janvier. Éléonore Belutaud, pasteur de Rance-Émeraude, Rennes et Laval y était, en ambassade pour la région ouest.

Un colloque, c’est déjà le plaisir de quitter son quotidien pour entrer dans la majestueuse université strasbourgeoise, tout en marbre, colonnes et velours rouges. En cherchant bien, on déniche une cafétéria étudiante au sous-sol. Ensuite, c’est l’entrée dans la salle Tauler, déjà bruissante de conversations. Sont présents des professeurs de théologie, des doctorants, des membres des équipes nationales de catéchèses, des enseignants de religions pour l’école républicaine concordataire, quelques pasteurs.

Les pauses seront l’occasion de bien des échanges, partages d’expériences et surtout de questionnements : comment transmettre la foi chrétienne, à quels âges, avec quels outils ? Comment prendre en compte les recherches en psychologie et en pédagogie dans notre pratique ? À la fois européen et œcuménique, ce colloque permettait une véritable prise de hauteur sur la catéchèse telle qu’on la pratique habituellement.

Pour répondre au sentiment d’impasse dans lequel nous nous trouvons parfois en catéchèse mais aussi dans toute l’Église quand il s’agit de transmission, ce colloque s’est placé résolument du point de vue de « l’apprenant ». Le développement spirituel de l’enfant a été disséqué à la lumière des travaux récents en psychologie.

C’est le moment où l’on apprend que, pour un enfant de 5 ans, les chats et les chiens prient, évidemment, puisqu’ils parlent. Attachement, lien au réel, émotions, besoins religieux et point de vue de Rousseau sur l’éducation religieuse sont autant de thèmes abordés lors de la première journée du colloque. L’enfant est-il religieux par nature ? La question reste ouverte ! A-t-il besoin d’adultes bien dans leurs baskets qui témoignent d’une foi vivante et peuvent l’accompagner dans son questionnement ? Certainement !

Le deuxième jour était davantage tourné vers la pédagogie, avec la présentation de méthodes originales : le Bibliologue, Godly Play, le projet Discovery, mais aussi la place de l’image, du numérique ou du silence dans la catéchèse. On y redécouvre l’importance du récit, qui depuis les temps anciens, et dans la Bible elle-même, est le vecteur de la transmission. Récit au creux duquel chacun peut se dire, l’enfant comme l’adulte, porteur de handicap, ados en décrochage, distancé de l’Église ou membre engagé. Le récit comme lieu de l’expérience, de Dieu, de soi, des autres.

Après deux jours très denses, il est déjà temps de retourner à ses engagements locaux. Mais, comme après la lecture d’une histoire, on est déjà plus tout à fait le même.

Éléonore Belutaud

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