C'était Bien

Ulrich Zwingli (1484-1531) un réformateur protestant.

05 juillet 2018

Le 7 mai dernier, François Vouga, professeur émérite de la Faculté de théologie de Genève, a donné à Montauban une conférence sur le réformateur protestant Ulrich Zwingli.

Zwingli, contemporain de Martin Luther, a eu une influence décisive sur le mouvement religieux naissant. F. Vouga est revenu sur l’événement marquant de la vie de Zwingli : la défaite sanglante de Marignan. Elle lui ouvre les yeux sur les méfaits du mercenariat (la Suisse n’ayant pas d’armée, les dirigeants recrutaient des professionnels qu'ils devaient rémunérer). Pour Zwingli, ce principe engendre de multiples exactions, peu conciliables avec un comportement humain : l'homme perd ses repères quand l'argent le dirige.

p. 38 Luther et Zwingli lors de la dispute de
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Les thèses

  1. Vouga a ensuite évoqué le livre principal de Zwingli : Les 67 thèses. Elles ont servi de fondations à son travail de « réformation ». Dans la première partie, Du fondement de l'Évangile, Zwingli insiste fortement sur la « légitimation » des Écritures et le fait que seul le chemin du Christ peut nous conduire au Père : « Car le Christ Jésus est le guide et le capitaine promis par Dieu. » Dans la seconde partie, De la compréhension évangélique de l'Église, il se questionne sur la légitimité du pape et des pontifes, le sacrifice de la communion, l'intercession des saints, l'intérêt des bonnes œuvres pour atteindre le paradis, la richesse de l'Église, la vacuité des interdits alimentaires, la nécessité du mariage afin de ne pas tomber dans la débauche. Autant de critiques communes à l’ensemble des réformateurs. Voici ce qu’il écrit : « De ce que le Christ est unique et éternel grand -prêtre, on mesure que ceux qui se sont donnés comme souverains pontifes s'opposent à la gloire et l'autorité du christ, les rejettent. » Dans la troisième partie, De la compréhension évangélique de la politique et de la cité, Zwingli fait état de son opinion sur les responsables politiques, la société et sur la justice de ses règles : « L'autorité civile tire force et stabilité de l'enseignement et de l'œuvre du Christ». Dans la quatrième partie, De la compréhension évangélique de la cure d'âme, il évoque ce qui lui tient à cœur, de la prière aux abus de l'Église en passant par l'invention du purgatoire, et le sacrement de la confession : « Vrais adorateurs invoquent Dieu en esprit et vérité, sans grande clameur devant les gens. Dieu seul remet les péchés, par son fils Jésus-Christ, notre Seigneur, lui seul. Celui qui remet quelque péché seulement pour de l'argent est le compagnon de Simon et de Balaam et, à proprement parler, le messager du diable. La vraie, la sainte Écriture ne connaît aucun purgatoire après ces temps-ci.»

Une pierre angulaire de la Réforme

Toutes ces pensées innovantes pour son temps situent Zwingli, ami d'Erasme, dans le grand courant humaniste de la Renaissance. Travaillant à démonter les abus de l'Église, il lutta pour introduire une religion plus proche de l’Église primitive et du Christ, dépouillée de tous les attributs inutiles et ostentatoires. Sa pensée simple, efficace et lumineuse se révèle encore aujourd’hui toujours aussi profonde. Zwingli meurt lors de la bataille de Kappel, en combattant contre les catholiques. Si Zwingli est peu connu en France, par ses idées novatrices et par sa personnalité, il n'en demeure pas moins une des pierres angulaires de la Réforme, résolument moderne.

Viviane Février.

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