Dossier Les temples vu de l'intérieur

Un aménagement pensé pour le sacerdoce universel

08 novembre 2017

L’aménagement des temples par les réformateurs a été pensé sur le plan théologique. Leur volonté était de promouvoir des temples faits pour l’écoute de la Parole et qui, symboliquement, montreraient l’égalité des croyants dans le sacerdoce. Une volonté qui, au fil des siècles, a pu s’estomper.

Au début de la Réforme, la disposition qui réunissait les fidèles autour du prédicateur, reflétait parfaitement la pratique égalitaire de l’écoute et de la prédication de la Parole et s'inscrivait bien dans le principe du sacerdoce universel. Puis, les effectifs s'étoffant, un autre modèle s'imposa qui, en rehaussant la chaire, éloigna l'auditoire du prédicateur. Pour augmenter encore la capacité de l'édifice, des tribunes furent construites, en amphithéâtre et parfois sur plusieurs étages comme à Charenton, afin que les fidèles n'aient aucun obstacle entre eux et le prédicateur. Ce système de tribunes a été reconduit aux 19e et 20e siècles [Photo]. Notons que cet agencement inédit eut une répercussion sur l'aménagement liturgique catholique. Le concile de Trente décida que le chœur, bien séparé jusqu’alors de la nef par le jubé, devait désormais être visible des fidèles. Aussi, remplacés par les chaires à prêcher, les jubés furent, pour la plupart, déplacés ou détruits aux siècles suivants.

Assis, mais égaux !

L’agencement des sièges dépendant à la fois du plan de l’édifice et de la théologie. Contrairement au culte catholique, des sièges fixes furent affectés à l'assemblée. Les bancs primitifs (comme on les voit sur la représentation du temple de Paradis à Lyon) purent être dotés de dossiers et même –luxe suprême ! –, de coussins. On ne s'étonnera pas de cette recherche d'un confort relatif quand on saura que les prédications pouvaient durer plusieurs heures. Aussi, dans son arsenal de mesures coercitives, l’administration royale imagina-t-elle en 1672 d'interdire ce maigre appui afin de rendre l'écoute des prêches inconfortable. Aujourd'hui, les chaises individuelles ont parfois tendance à remplacer les bancs collectifs [Photo]. Ces derniers, au 20e siècle ont pu être augmentés de strapontins, comme au temple de l'Annonciation à Paris. Pourtant, cette égalité dans le confort de l'écoute était illusoire. Au point que les synodes de Charenton (1644) et de Loudun (1659) se penchèrent sur la question pour confirmer l'affectation de certains bancs aux personnalités locales comme aux anciens. Cette disposition survit encore de nos jours avec la présence de sièges strictement destinés aux conseillers presbytéraux (nos contemporains « anciens ») comme à Nanteuil-lès-Meaux ou à l'Oratoire du Louvre. Dans ce cas, les conseillers occupent la place privilégiée, face à la chaire et sont installés dans un enclos légèrement surélevé par un emmarchement, qui les isole du reste de l'assemblée tout en les désignant. Des stalles peuvent remplacer ou doubler la formule de l'enclos et le pasteur être destinataire d'un siège particulier.

Hélène Guicharnaud.

Au début de la Réforme, la disposition qui réunissait les fidèles autour du prédicateur, reflétait parfaitement la pratique égalitaire de l’écoute et de la prédication de la Parole et s'inscrivait bien dans le principe du sacerdoce universel. Puis, les effectifs s'étoffant, un autre modèle s'imposa qui, en rehaussant la chaire, éloigna l'auditoire du prédicateur. Pour augmenter encore la capacité de l'édifice, des tribunes furent construites, en amphithéâtre et parfois sur plusieurs étages co...
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Hélène Guicharnaud.

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