Un onze novembre étrange

01 novembre 2017

La France veille de façon sourcilleuse – au moins en paroles – à une laïcité stricte : les services de l’État ou des collectivités ne doivent rien avoir à faire avec les religions. Le Mans est une des villes qui font exception sur ce plan.

Chapelle du Collège des Oratoriens au sein de l'actuel lycée Montesquieu, Le Mans © Selbymay
   Un proviseur de lycée, un préfet, un maire, voilà des personnes qui sont dépositaires, en quelque sorte, de la vocation laïque de la France et de ses institutions. Et pourtant, en 2005, Stéphane Bouillon, préfet de la Sarthe, et Jean-Claude Boullard, maire du Mans, ont l’idée d’une commémoration interreligieuse à l’occasion des cérémonies du 11 novembre. Ils ont été suivis par Guy Soudjan, alors proviseur du lycée Montesquieu, lui aussi peu suspect pourtant de prosélytisme religieux.

Comment se passe cette cérémonie ?

La cérémonie s’intitule officiellement « Cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix ». Elle comprend une cérémonie militaire réduite au monument aux morts du lycée Montesquieu, puis se déplace dans l’oratoire du lycée, où vont se succéder plusieurs discours, une Marseillaise et enfin, les interventions des représentants des différents cultes.

 

Chacun dispose de 10-12 minutes pour un chant et une allocution, qui doit en principe ne pas avoir un caractère trop religieux, pas de prière mais une intervention sur un thème choisi par les différents ministres.

Pourquoi cette commémoration ?

Cet événement fait un peu soupirer certains des intervenants religieux, à cause de l’obligation de préparer une intervention ! Mais ils soulignent aussitôt l’importance de ces rencontres, ouvertes à tous, entre des religions et confessions qui, le reste du temps, s’ignorent. On voit ainsi intervenir : le curé de la cathédrale pour les catholiques, le ou la pasteur(e) de l’EPUdF, la présidente de la communauté orthodoxe de l’ouest, le pasteur d’une des Églises évangéliques du Mans, un membre de la communauté israélite, un théologien et un imam musulmans, et enfin un représentant d’une des loges maçonniques du Mans.

Gilles Carbonell

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