Savoie

Une Église qui se renouvelle constamment

01 décembre 2016

L’Église de Savoie couvre à elle seule l’ensemble du département du même nom. Deux postes pastoraux se partagent la desserte de ce vaste territoire et l’accompagnement des multiples petits groupes qui y fleurissent aux quatre coins, parfois de manière tout à fait saisonnière, au gré des transhumances touristiques. Malgré la dissémination, c’est pourtant une Église vivante en renouvellement constant par l’arrivée de personnes qui s’engagent.

La séance du conseil presbytéral commence invariablement par des nouvelles pastorales. Vu l’étendue de l’Église locale sur l’ensemble du département savoyard, la vie paroissiale est de fait éclatée en une multitude de petits groupes et d’activités dispersées sur un vaste territoire. L’information sur ce qui se vit dans ces lieux et groupes est primordiale. Le partage des nouvelles au sujet des personnes que l’on échange au début du conseil est tout aussi central. Leur état de santé, leurs soucis, leurs projets, etc. ; on porte véritablement la préoccupation des uns et des autres avant de se pencher sur la vie administrative de l’Église.

Le percement du tunnel TGV Lyon-Turin (©Olivétan/GM)

 

Étirement géographique

L’Église compte quatre lieux de culte réguliers : Aix-les-Bains, Chambéry, Albertville et la Maurienne, ainsi que plusieurs saisonniers, en stations, à Bourg-Saint-Maurice et à Méribel, par exemple. Le culte de rentrée réunit près de 80 personnes et le culte unique mensuel en rassemble plus de 50 pour une journée autour de la célébration et d’un repas fraternel. Pourtant, le sentiment largement partagé est celui de vivre l’Église à travers des moments forts qui rassemblent peu de monde, mais où la communion se vit profondément.

Du côté de la Maurienne, au sud du département, les plus anciens se souviennent avec nostalgie des années 1970 et des grands chantiers autour du percement du tunnel du Fréjus et des familles entières qui se sont installées le temps des travaux. Il y avait alors des cultes et des groupes bibliques dans chacune des deux villes, Modane et Saint-Jean-de-Maurienne, qui réunissent près de 40 personnes. Aujourd’hui, la rencontre mensuelle qui se retrouve dans une salle de la paroisse catholique de Saint-Martin-La-Porte, lieu central de la vallée, en rassemble une petite dizaine. Ici, comme en divers groupes de l’Église de Savoie, on sait l’importance du partage des nouvelles des uns et des autres, et on chérit les occasions de rencontre. « À Modane, on sent bien les distances, l’éloignement… Alors, ce qui est bien, c’est le culte commun, une fois par mois, en alternance entre Aix, Chambéry et Albertville. C’est très vivant, avec l’école biblique qui se déroule en même temps, et le repas nous permet de tisser des liens. Mais c’est près d’une heure et demie de route aller. Alors, on s’organise et, parfois, on passe la nuit chez des amis dès le samedi. »

Retrouvailles mensuelles en Maurienne (©Olivétan/GM)

Une petite Église qui se renouvelle

Le chantier du tunnel ferroviaire TGV Lyon-Turin n’a pas attiré en Maurienne autant que le Fréjus dans les années 1970-1980. Mais l’Église de Savoie se renouvelle régulièrement par l’attrait à la fois touristique et économique de la zone. « Ce qui est sympathique, c’est qu’il y a toujours des gens nouveaux », dit-on à Saint-Martin-La-Porte.

Cette situation a ainsi poussé récemment le conseil presbytéral à se lancer dans une réflexion sur son projet de vie à renouveler. « Notre travail s’est articulé autour de trois questions : pourquoi est-ce que j’aime mon Église ? De quoi est-ce que je rêve pour mon Église ? Pour quoi est-ce que je me propose pour mon Église ? » Trois axes sont ressortis comme primordiaux et serviront de base à la suite du travail : la convivialité, la tolérance et le partage.

La commission Foi et Culture se réunit tous les mois. Elle est l’un des lieux qui cherche à développer le partage autour de l’Église, par le biais de la culture et principalement d’expositions de grande qualité présentées dans les différents lieux de vie. « Cette année, lors des Journées du patrimoine, nous avons reçu plus de 500 personnes au temple de Chambéry autour de l’exposition sur le chemin de l’Exil. Beaucoup sont même venues au culte le dimanche matin après le temps que nous avons passé avec elles autour de l’exposition. » Lors du culte de rentrée, on n’a pas oublié non plus l’accueil des nouveaux. Plus d’une dizaine de familles étaient présentes et déjà trois personnes se sont engagées pour l’accueil du dimanche, organisé par l’Entraide protestante au temple de Chambéry tous les dimanches.

Le temple de Chambéry, niché rue Pasteur (©Olivétan/GM)

 

Une Église de relations

Cette Église qui vit au travers de petits groupes séparés géographiquement sait sa fragilité et la nécessité d’être une Église avec d’autres autour d’elle. Les relations peuvent être parfois un peu tendues avec certaines communautés évangéliques. Elles sont en revanche excellentes avec l’Église catholique, en particulier à Chambéry, où une communauté du Chemin Neuf s’est installée depuis quelques années pour assurer la desserte d’une paroisse du centre-ville. Tous les lundis matin, un groupe de partage biblique œcuménique — BiDim, pour Bible du dimanche — rassemble catholiques, baptistes, orthodoxes et protestants unis autour du texte de l’évangile du dimanche suivant. « Nous essayons de partager ce que nous vivons déjà les uns et les autres, ainsi nous découvrons que nous ne sommes pas seuls », souligne David Mampouya, délégué diocésain à l’œcuménisme, et pointe ce qui fait la sève de l’Église-sœur protestante !

Gérald MACHABERT

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