Billet du Président du Conseil Régional

Une foi libre et heureuse

04 janvier 2018

Nous sommes dans un temps de raidissement doctrinal, de crispations identitaires. Plusieurs églises tombent dans la soupe rigoriste, qui devient une soupe à la grimace pour les autres.  La vérité ne se cherche plus, elle s’impose, elle tombe comme un couperet.

Alors que Jésus se révèle à nous pour révéler notre humanité, alors qu’il souhaite nous tirer vers le haut, faire advenir le meilleur, faire toucher du doigt une puissance de vie insoupçonnée, le discours ecclésial s’enferme dans des postures. Son clergé devient ici et là de plus en plus raide, il ne laisse aucun bouton ouvert, tout est bien fermé, le pli est bien repassé. En contre-point, le professeur Raphaël Picon, dans « un Dieu insoumis », un livre posthume recueillant des petits billets, simples et profonds, affirme ceci : « Jésus raconte un Dieu amoureux du monde, qui ne cesse de l’enrichir de nouvelles possibilités, et de nous émanciper de qui nous aliène ». Le Protes’ Temps de ce numéro d’Ensemble est consacré au doyen Jean Carbonnier, qui avait commis un livre au titre prometteur « Flexible droit ». À sa suite nous dit le pasteur Picon, nous devrions parler de notre foi sous le titre flexible théologie, c’est-à-dire « une foi porteuse de sens, de valeurs, de repères, flexible car adaptée et ajustée ». Dit autrement : une foi qui rend compte de notre rencontre avec Dieu de façon audible, crédible, accessible. Même si Dieu sera toujours déroutant, nous sommes appelés à rendre son message évangélique compréhensible. Même si le croire est toujours en chemin, une vérité en chemin, une vérité en marche, nous avons à chaque pas ou à chaque halte reçu l’appel d’expliquer cet Évangile qui nous tient debout. Dans ce nécessaire témoignage se pose aujourd’hui inévitablement la question des relations avec les autres confessions à l’intérieur du christianisme. Le mois de janvier est traditionnellement celui des rencontres avec les églises évangéliques et catholiques. Il me semble que la pertinence de notre parole passe par la rencontre avec celles et ceux qui ne confessent pas tout à fait comme nous la foi chrétienne. Il est difficilement tenable d’annoncer une parole d’amour pour le prochain et le monde et d’ignorer ou de mépriser celles et ceux qui le font à leur manière. Même si, ici et là, notre église n’a droit qu’à des strapontins, je crois nécessaire de venir s’y assoir et de prier avec celles et ceux qui nous les proposent. Ce sera le signe d’une foi libre et heureuse.

Alain Pélissier,
Président du Conseil Régional.

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