Rafaële et Matthieu Gondran

Vivre, au jour le jour, de la confiance

01 février 2017

Rafaële et Matthieu Gondran sont engagés de longue date dans l’Équipe jeunesse régionale en Centre-Alpes-Rhône. Leur engagement s’est pourtant fortement renouvelé de par leur expérience d’un an de volontariat à Cardiff et la confiance qui les a portés tout au long de cette année.

Rafaële et Matthieu sont revenus s’installer à Clermont-Ferrand pour une nouvelle étape de leur vie après y avoir poursuivi leurs études et avoir vécu un break pendant une année au Pays de Galles, à Cardiff. Cette nouvelle étape vient de passer par leur mariage civil, le 21 janvier. À Clermont-Ferrand, Rafaële avait obtenu un master 2 de droit civil et notarial et Matthieu, un diplôme d’ingénieur en mathématiques. Et puis, il y a eu cette année de volontariat à Cardiff, au sein de la City United Reformed Church — City URC (Église réformée unie, paroisse de la City) de Cardiff.

Depuis, beaucoup de choses ont changé. Rafaële a changé d’orientation en s’inscrivant cette année en théologie protestante à l’Institut protestant de théologie (IPT) de Paris. Elle y assiste à des cours une fois par semaine, tout en suivant l’enseignement à distance de l’IPT de Montpellier. Matthieu poursuit sa formation par un doctorat en informatique.

Un œcuménisme au cœur de leur parcours

Matthieu et Rafaële sont tous les deux nés à Saint-Étienne, aîné d’une famille de trois pour Matthieu (une sœur et un frère), deuxième de la fratrie pour Rafaële (une sœur aînée et deux petits frères). Rafaële est née dans une famille catholique et a suivi l’enseignement religieux au sein de l'Eglise catholique. Elle a délaissé un peu les chemins de l’Église pendant son adolescence, jusqu’à un séjour dans un monastère, entraînée par une amie, lorsqu’elle avait 16-17 ans, où la question de la foi et de l’Église est revenue la titiller. Matthieu est né dans une famille mixte, d’un père catholique et d’une mère protestante. Pendant son enfance, il suit le catéchisme œcuménique à la Maison de la fraternité de Saint-Étienne, avant de poursuivre son catéchisme puis le groupe de jeunes dans la paroisse protestante. Lorsque Rafaële et Matthieu se rencontrent, il l’entraîne au groupe de jeunes de la paroisse de Saint-Étienne, puis rapidement au sein de l’équipe jeunesse régionale (EJR) : « le début d’une vraie activité dans l’Église pour moi », souligne-t-elle.

Envie de donner du temps pour l’Église

Les études supérieures les emmènent dans la capitale auvergnate. Au terme de leur formation, ils s’interrogent sur la suite. Ils avaient tous deux envie d’autre chose. Ils aimaient beaucoup leur engagement dans l’EJR et ils avaient envie de donner plus à l’Église. Ils choisissent donc de donner un an de leur vie : « On a un peu choisi Cardiff sur un coup de tête », reconnaît Rafaële. Matthieu y avait effectué un stage de trois mois dans le cadre de sa formation d’ingénieur et le lieu les attirait. Mais une fois le choix de la destination effectué, trouver un lieu d’engagement est plus difficile. Alors ils écrivent directement au pasteur d’une des paroisses de Cardiff pour leur faire part de leur projet d’une année au service d’une Église… La réponse est positive : l’Église les accueillera comme bénévoles contre logement et hébergement !

Un projet unique puis des projets à foison !

Pour pouvoir les accueillir, la City URC a imaginé un projet d’eco-Church, de paroisse écologique, où Matthieu et Rafaële inviteraient l’Église et ses membres à s’interroger sur leurs pratiques en matière de tri des déchets, de gestion de l’énergie, de rénovation, etc. Mais lorsqu’ils arrivent fin août 2015, le programme a changé du tout au tout… La pasteur [le pasteur ou la pasteure] a quitté la paroisse peu de temps auparavant et l’Église vit une situation de crise. Dans leur projet, Rafaële et Matthieu devaient aller à la rencontre des gens pour parler des questions d’écologie : « Très vite, on s’est aperçu que ce dont ils avaient besoin c’était surtout de parler tout court… et d’avoir des occasions de rencontres », raconte Matthieu. Alors les propositions d’activités arrivent naturellement : le café du samedi matin qui de cinq à six personnes au début accueillait, à leur départ en juin dernier, une trentaine de personnes chaque semaine  ; des cultes café-croissant avec près de 80 personnes dès la première rencontre  ; la constitution d’un groupe musical pour accompagner les cultes ; un séjour en France avec des paroissiens ; et surtout l’accueil des demandeurs d’asile avec l’association Asylum of Justice, une heure avant leur rendez-vous administratif, juste pour prendre le temps de parler avec eux.

Tournés vers l’accueil de l’autre inconditionnellement

C’est sans doute cette dimension de l’accueil de l’autre, les demandeurs d’asile, mais aussi le groupe LGBT (lesbien, gay, bi et transsexuels) de la paroisse, qui les a le plus fortement marqués. Ce sont des réalités de souffrance que l’on ne voit pas, auxquelles Rafaële et Matthieu n’avaient jusqu’ici pas vraiment prêté attention. Depuis leur retour à Clermont, ils se sont engagés dans la Cimade mais aussi au sein du réseau Welcome, et ont à ce titre déjà hébergé un jeune demandeur d’asile congolais pendant quinze jours chez eux. Pour Rafaële, il est désormais clair que « notre foi, nous la vivons dans ce que nous faisons, dans l’hospitalité, dans l’accueil de l’autre. »

Si leur séjour à Cardiff leur a ouvert les yeux sur la situation des demandeurs d’asile dans nos pays occidentaux, il leur a aussi permis de changer leur regard sur la vie d’Église et sur l’importance de la reconnaissance au sein de cette vie communautaire : « “Merci”, c’est un petit mot qu’on oublie facilement et pourtant, on a su nous le dire à chaque fois », rapporte Matthieu. Une reconnaissance qu’ils essaient désormais de vivre au quotidien, mais aussi dans leurs engagements respectifs.

En savoir plus

La United Reformed Church (Église réformée unie) est une Église présente dans tout le Royaume-Uni, comptant 1500 paroisses. Elle est née en 1972 de la fusion des Églises presbytériennes anglaises et congrégationalistes d’Angleterre et d’Écosse. D’autres Églises se sont également regroupées ultérieurement en son sein : les Églises du Christ en 1981 et l’Église congrégationaliste écossaise en 2000. Cette Église est donc formée d’une grande diversité théologique, mais aussi ethnique, avec de nombreuses personnes originaires d’Églises de pays du Sud. Elle est très active dans les questions d’intégration et d’interculturalité.

Site de la City United Reformed Church
http://city.urc.org.uk/

Gérald MACHABERT
rédacteur en chef - Réveil

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