À la découverte du pays des matins calmes
Souvenirs d’un voyage qui marque une pasteure, à la fois dans sa dimension humaine, politique et religieuse.
La Corée, c’est bien loin. 2014?! Dans le cadre d’un partenariat établi entre la région Centre-Alpes-Rhône de notre Église et l’Église PKK de la banlieue de Séoul, quelques-uns d’entre nous ont pu partir à la découverte de cette région de la Corée du Sud et des engagements diaconaux de notre église partenaire.
Une forte implication sociale
Dix ans après, que me reste-t-il de ces quelques jours?? Je me souviens d’avoir été frappée par cet immeuble entier dévolu à des services de l’Église?: tout un étage réservé à des services médicaux, notamment un cabinet dentaire, pour des soins accessibles à des migrants et toutes personnes n’ayant pas accès à des soins plus coûteux. Ce n’était pas ordinaire pour nous. Tout comme le service d’accueil pour accompagner administrativement et juridiquement les migrants. On se serait cru à la CAF. Ça a aussi été pour moi l’occasion de découvrir que là-bas (aussi), il y a de la part de certains un rejet de migrants. Et que ce n’est pas facile de trouver des bénévoles disponibles… le dimanche matin. Oui, il y a une permanence juridique et administrative ce jour-là parce que c’est le seul jour où les migrants peuvent venir?; les autres jours, ils travaillent.
Une frontière en tension
Je me souviens aussi de notre rencontre avec un pasteur qui avait un ministère auprès du monde rural, qui était tout à la fois agriculteur et qui s’apprêtait à faire le choix de renoncer au ministère pastoral tant son autre travail lui semblait important. Comment oublierais-je notre détour du côté de la zone démilitarisée entre Corée du Sud et Corée du Nord?? Comment oublierais-je le passage par un check point?? Quant aux fils qui étaient au niveau de nos chevilles, je les visualise encore. Ils signifiaient qu’il y avait là des mines. Bien sûr, nous étions prévenus. Je me souviens de la rencontre avec ce pasteur qui a installé sa vie et son ministère au plus près de cette zone démilitarisée. Je revois cet espace revenu à l’état sauvage, puisqu’il est interdit à quiconque d’y pénétrer. Malgré tout, cette interdiction est régulièrement profanée.
Des rencontres ecclésiales
Je me souviens avoir pensé qu’ici, en France, dans notre Église, on ne cautionnerait pas un tel ministère, un poste sans paroissiens, un poste créé sur l’inspiration d’un seul homme, un poste dont le seul objectif est de former à la paix et de prier pour la paix. Le temps fort de ce ministère est sans aucun doute le temps de prière quotidien avec une vue sur la zone démilitarisée à laquelle on accède à pied.
Ce voyage était aussi l’occasion de rencontres ecclésiales. Nous avons tous dormi une nuit chez un hôte coréen (la langue n’était pas toujours un obstacle insurmontable et n’empêchait certainement pas l’amitié). Le lendemain, nous étions dispersés dans différentes Églises. Pour ma part, j’ai participé au culte des récoltes qui avait lieu dans une petite communauté. Bon, au pays des megachurches, c’était original. Et, ce qui l’était tout autant, quelque petite que fût cette Église, nous étions accueillis avec un mug de thé ou de café qu’une fois installés nous pouvions poser sur une tablette. Enfin, ce qui m’a surtout impressionnée, ce sont les équipements techniques auxquels nous n’oserions même pas rêver pour nos Églises locales, en particulier les micros suspendus au-dessus de la petite chorale qui, associée à une pianiste, entraîne la maigre assemblée et, plus encore, la table de mixage 16 pistes. Pourtant, elle ne paie vraiment pas de mine cette Église qui se réunit à je ne sais plus quel étage d’un immeuble et n’est absolument pas visible de l’extérieur (contrairement à bien des Églises dont on voit les croix fleurir à travers Séoul et sa banlieue). L’après-midi, j’ai retrouvé mes compères de voyage pour un culte commun au cours duquel notre groupe a chanté «?Tous unis dans l’Esprit?» (si ma mémoire est bonne?; ce dont je suis sûre, c’est que nous l’avons choisi ensemble et répété juste avant ce fameux culte). À l’occasion de celui-ci, il a été aussi fait l’honneur à Nicole Roulland-Rupp, alors vice-présidente du conseil régional de Centre-Alpes-Rhône, de prêcher (en français et avec traduction, ça va de soi?!)
Voilà tout ce dont je me souviens, 10 ans après, et ce, avec reconnaissance. Quelque chose à relancer??