Nadine Heller, et pourquoi pas pasteur ?
D’origine alsacienne, Nadine Heller évoque son parcours depuis longtemps marqué par un goût pour la théologie, mais avec un engagement relativement tardif dans le ministère pastoral.
Elle voit le jour dans un milieu engagé dans l’Église et se souvient avec reconnaissance d’une extraordinaire professeure de religion qui lui ouvre des perspectives de recherches et de découvertes qui ne disparaîtront plus de son horizon de vie.
Toutefois, Nadine hésite entre l’archéologie et la théologie : les études de théologie, à Strasbourg, répondent mieux à ses attentes et à ses prédispositions. Sa décision est raisonnée et motivée.
Après les études s’ouvre une nouvelle période où Nadine s’acquitte avec bonheur de ses fonctions de maman au foyer auprès de ses trois enfants. Les circonstances changeantes de la vie lui font se reposer la question de son orientation professionnelle. À l’instar des prophètes, elle demande et obtient un signe qui la décide à devenir pasteur : elle sait maintenant que telle est la voie qu’il lui est permis de choisir et qu’elle doit suivre.
C’est le temps de l’initiation personnelle au ministère et celui de la découverte de l’Ardèche, de Firminy, de l’est lyonnais… Nadine Heller aspire après ces années à se rapprocher des siens et à entamer un ministère de proximité ; la dispersion géographique des paroisses ne permet pas forcément de tisser des liens étroits, même à notre époque où les déplacements sont facilités.
Le plateau de Blamont, et plus largement le Pays de Montbéliard, constitue, pour le protestantisme, une région à taille humaine qui n’exige pas d’être toujours en déplacement sur de longues distances. De fait, Nadine s’amuse un peu des remarques de ses nouveaux paroissiens qui n’ont pas la même perception de la longueur des trajets que celle qu’elle a elle-même dû développer ; cette perception est donc essentiellement subjective.
Elle est heureuse d’occuper, avec son mari Christophe Houpert (qui fera l’objet de la prochaine présentation dans les colonnes de Paroles protestantes), le presbytère de Roches-lès-Blamont, dont les locaux ont été rafraîchis par des bénévoles pour la circonstance : le couple est très sensible à la qualité de l’accueil qui lui a été réservé.
Nadine glisse une formule qui dénote tout un état d’esprit, voire tout un art de vivre : elle souhaite « un ministère qui respire ». N’est-elle précisément pas adepte des longues marches qui permettent non seulement de s’oxygéner, mais aussi de faire des rencontres fortuites, au détour d’un chemin ? Nadine mise l’essentiel de son engagement sur la rencontre d’autrui. Elle a ainsi développé un sens de l’attention à ce qui peut advenir et germer. Elle se donne en conséquence une année pour observer ce qui émerge des attentes des paroissiens, avec lesquels elle désire « faire communauté », selon la formule consacrée.
Lucide, Nadine rappelle qu’ « on n’invente pas les gens », mais qu’il faut savoir répondre aux besoins, souvent enfouis, de vie spirituelle de nos contemporains.
Nadine est une adepte des romans policiers : elle sait débrouiller l’écheveau des énigmes compliquées. Mais elle excelle aussi dans la technique de l’origami, cet art japonais du pliage du papier ; art subtil et délicat qui fait apparaître des formes et des constructions. Il n’en faut pas moins pour que la communauté se détache à l’horizon de ce qui peut devenir possible. Et pourquoi pas le beau risque de la cohumanité ?